Le monde n’a jamais consommé autant de protéines animales aquatiques qu’aujourd’hui. La production des pêches et de l’aquaculture a atteint un record de 223,2 millions de tonnes en 20221, principalement en raison de la croissance de l’aquaculture, en particulier en Asie. On estime qu’environ 600 millions de personnes dépendent de la pêche et de l’aquaculture pour leur subsistance, y compris les travailleurs primaires, leurs familles et les économies entières qu’ils soutiennent. La production animale aquatique est l’un des principaux moyens de subsistance et un pilier de la sécurité alimentaire dans le monde. Elle devrait connaître une croissance de 14 % d’ici 2030. 

La « révolution des produits de la mer » : évaluer l’importance de la santé des animaux aquatiques 

L’aquaculture sera en grande partie responsable de cette augmentation. On estime que l’approvisionnement mondial en produits de la mer passera de 154 millions de tonnes en 2011 à 186 millions de tonnes en 2030 – une augmentation imputable à l’aquaculture. De plus, les systèmes de production alimentaire et leur évolution jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. En 2019, la Commission EAT Lancet a recommandé une transition vers des régimes alimentaires à base de plantes, avec une réduction de la consommation de bœuf, de volaille, de porc et d’œufs, mais une augmentation de la consommation de produits de la mer. Le secteur des animaux aquatiques a un rôle crucial à jouer pour ce défi mondial pressant. 

Pour que l’aquaculture réponde à cette demande sans augmenter son impact environnemental ni poser de risques pour la santé, des améliorations continues des systèmes de production sont nécessaires tout au long de la chaîne. L’élaboration de réglementations et de normes internationales, y compris celles concernant le bien-être des animaux aquatiques, peut orienter cette croissance sur une voie respectueuse de l’environnement. C’est ici que l’intervention de l’OMSA prend tout son sens.

214 million de tonnes

ont été produites par la pêche et l’aquaculture en 2020.

Environ

600 millions de personnes

dépendent de la pêche et de l’aquaculture pour leur subsistance. Une croissance de 14 % est attendue dans la production alimentaire aquatique d’ici 2030. 

Création de normes internationales pour la santé des animaux aquatiques 

Le Code aquatique de l’OMSA a été publié en 1995, fournissant un ensemble de normes spécifiques pour les animaux aquatiques, accompagné du Manuel des tests diagnostiques destiné aux laboratoires. Ces normes sont basées sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles et offrent des approches pratiques pour la gestion de la santé des animaux aquatiques.  

Pour souligner l’importance de la mise en œuvre de ces recommandations et rassembler les parties prenantes du secteur aquatique, la première Conférence mondiale de l’OMSA sur la santé des animaux aquatiques s’est tenue à Bergen, en Norvège, en 2006. Lors de la conférence suivante cinq ans plus tard, la Déclaration de Panama indiquait la nécessité d’une coopération mondiale, d’une amélioration de la notification des maladies et d’un renforcement des capacités pour faire appliquer les normes. Les efforts mondiaux ont culminé en 2019, lors de la 4e Conférence mondiale sur la santé des animaux aquatiques à Santiago, au Chili, où la directrice nationale de Sernapesca et actuelle présidente de la Commission des animaux aquatiques de l’OMSA, le Dr Alicia Gallardo Lagno, a témoigné de l’importance de la collaboration régionale : « Par le passé, une maladie a causé une perte de 73 % de la production de poissons du Chili. Notre autorité nationale a pris des mesures conformes aux normes de l’OMSA. Pour nous, il est important de partager notre expérience sur de telles situations avec d’autres pays, en particulier en Amérique ». C’est lors de cette conférence que la directrice générale de l’OMSA, Monique Éloit, s’est engagée à développer une stratégie de santé des animaux aquatiques. 

Avancer une stratégie mondiale pour la santé des animaux aquatiques 

La Stratégie pour la santé des animaux aquatiques a été lancée deux ans plus tard lors de la 88e Session générale. « C’est la base sur laquelle nous allons agir, en dialogue avec nos partenaires, pour poursuivre notre vision d’amélioration de la santé et du bien-être des animaux aquatiques dans le monde entier », a alors expliqué la Dre Monique Éloit. Elle a également évoqué son expérience passée en tant que chef des Services vétérinaires dans son pays, lorsqu’elle a réalisé qu’elle ne disposait pas des connaissances techniques ni du personnel formé pour faire face à une flambée de maladies des naissains d’huîtres. La Stratégie pour la santé des animaux aquatiques de l’OMSA a été conçue pour remédier à de telles situations, avec quatre objectifs : 

  • Développer et mettre à jour des normes scientifiquement solides pour gérer les risques, faciliter le commerce sûr et améliorer la santé et le bien-être des animaux aquatiques. 
  • Mettre en place des programmes de renforcement des capacités pour muscler les services de santé des animaux aquatiques. 
  • Établir des procédures, des lignes directrices et un soutien coordonné pour améliorer la réponse mondiale aux maladies émergentes. 
  • Assurer le leadership en matière de santé et de bien-être animal, développer des partenariats internationaux et engager des réseaux scientifiques et politiques. 

Comme pour tous les grands projets de l’OMSA, la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques a été développée en étroite collaboration avec les Membres et les Services de santé des animaux aquatiques. Elle garantit ainsi la disponibilité des outils nécessaires pour que les pays agissent, notamment en élaborant leurs propres directives nationales basées sur les Normes de l’OMSA. 

Améliorer les systèmes de surveillance avec la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques 

Un des objectifs mis en avant dans la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques est d’encourager une plus grande implication des Membres en rendant les normes plus accessibles. Cette approche s’est déjà montrée efficace : les Normes de l’OMSA ont été révisées pour mieux soutenir l’établissement de systèmes de surveillance, qui aident à obtenir des informations sur la situation et l’occurrence des maladies des animaux aquatiques. Grâce à cette mise à jour, les pays comprennent mieux les normes et respectent les conditions qui leur permettent de déclarer eux-mêmes l’absence de maladies aquatiques.  

Les normes révisées permettent également une meilleure conformité au Code aquatique de l’OMSA, notamment en ce qui concerne la notification des maladies, la détection précoce et la réponse rapide – des éléments cruciaux pour atténuer la propagation des maladies à l’échelle mondiale. 


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« La santé animale est notre santé, c’est la santé de tous » n’est pas qu’un slogan. C’est une réalité scientifique connue des professeurs de médecine dès les XVIIe et XVIIIe siècles : la santé animale et humaine sont interconnectées. Des zoonoses comme la rage ou la grippe aviaire ont de tout temps été des préoccupations pour la santé humaine, ainsi que pour la stabilité économique et sociale des sociétés.

À la fin du XXe siècle, la maladie de Lyme, Ebola et la maladie de la vache folle ont déclenché des actions internationales. Ebola et d’autres maladies zoonotiques peuvent également être transmises des humains à des animaux comme les grands singes. Cette transmission inversée prouve que la connexion entre la santé animale et humaine va dans les deux sens. 

Le concept « Une seule santé » a émergé sur la scène internationale en 2004, lors d’un symposium organisé par la Wildlife Conservation Society, à la suite de l’épidémie de SRAS de 2002. Ensemble, des experts du monde entier ont rédigé les Principes de Manhattan pour Un Monde, Une Santé, exhortant les dirigeants à « reconnaître le lien essentiel entre la santé humaine, celle des animaux domestiques et de la faune sauvage, ainsi que la menace que les maladies représentent pour les personnes, leurs approvisionnements alimentaires, les économies et la biodiversité indispensable au maintien des environnements sains et des écosystèmes fonctionnels dont nous avons tous besoin. » 

Créer des ponts entre la santé animale, humaine et environnementale

« Au cours des années suivantes, les gouvernements et les scientifiques du monde entier ont reconnu que la collaboration transdisciplinaire était essentielle pour prévenir et contrôler les zoonoses, et que cette collaboration devrait inclure, entre autres, des médecins, des vétérinaires, des spécialistes de la faune, des environnementalistes, des anthropologues, des économistes et des sociologues», se souvient la docteure Monique Éloit, directrice générale sortante de l’OMSA. 

Le concept est devenu une référence pour les politiques internationales en octobre 2008, lors de l’épidémie mondiale de H5N1, lorsque six organisations internationales (la Banque mondiale, l’OMS, la FAO, l’UNICEF, l’OMSA et le Système de coordination de la grippe de l’ONU) se sont réunies lors de la Conférence ministérielle internationale sur la grippe aviaire et pandémique à Sharm-el-Sheikh (Égypte). Ensemble, elles ont publié un Cadre stratégique pour la réduction des risques de maladies infectieuses à l’interface animaux-humains-écosystèmes. Son titre Contribuer à Un Monde, Une Santé faisait référence directement aux principes de Manhattan. 

Un concept visuel de l'approche <une seule sante>

De la rage à la résistance aux antimicrobiens 

En 2010, la FAO, l’OMS et l’OMSA ont publié une « Note conceptuelle tripartite » connue sous le nom de Déclaration de Hanoï, dans laquelle elles ont présenté leur vision commune pour « un monde capable de prévenir, détecter, contenir, éliminer et répondre aux risques sanitaires d’origine zoonotique et aux maladies animales affectant la sécurité alimentaire, grâce à une coopération multisectorielle et à des partenariats solides ». Les trois champs sur lesquels elles ont convenu de démarrer le travail étaient la résistance aux antimicrobiens, la grippe aviaire et la rage. 

En 2017, la nouvelle Stratégie tripartite a élargi ce champ des priorités en incluant le renforcement des services de santé nationaux, la modernisation des systèmes de surveillance et d’alerte précoce, ainsi que la promotion de la recherche coordonnée. En 2018, un nouveau Protocole d’accord a renforcé le partenariat sur la résistance aux antimicrobiens. 

Contrôle de la rage : un modèle de collaboration en santé unique 

La rage tue encore environ 59 000 personnes chaque année. 99 % des cas humains proviennent de morsures et de griffures de chien. La maladie doit donc être abordée à sa source animale, grâce à la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation et de vaccination des chiens à grande échelle. Elle nécessite également une action du secteur de la santé humaine, pour garantir l’accès aux soins médicaux et aux traitements post-morsure, notamment dans les zones rurales. 

La FAO, l’OMS, l’OMSA et la Global Alliance for Rabies Control travaillent ensemble pour l’objectif commun : « Zéro décès humain dus à la rage transmise par les chiens d’ici 2030 ». La construction d’une approche coordonnée pour la rage sert de modèle pour de nombreuses autres maladies et offre une opportunité de renforcer les systèmes de santé dans le monde entier. 

Élargir le champ d’action aux facteurs environnementaux

Le concept « Une seule santé » a d’abord émergé au sein du secteur de la santé animale, mais il s’est progressivement développé comme une approche politique intégrant la santé publique et l’environnement. « Le contexte a changé à la suite de la pandémie de Covid-19, lors du Forum de la Paix de Paris fin 2020, où les dirigeants mondiaux ont appelé à une intégration complète du secteur environnemental dans une approche « Une seule santé », en demandant spécifiquement au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) de rejoindre la Tripartite », rappelle Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, en avril 2024. 

« Nous avons immédiatement commencé à travailler ensemble sur des initiatives clés et, en mars 2022, la collaboration a été formalisée par la création du partenariat quadripartite. Nous avons priorisé les actions de prévention et avons élargi le champ d’action au-delà des maladies zoonotiques et de la résistance aux antimicrobiens pour inclure les facteurs environnementaux de risque pour la santé, ainsi que la santé de l’environnement et des écosystèmes. » 

Le monde émergeait lentement de la pandémie de Covid-19, tout en faisant face à la variole simienne, aux épidémies d’Ebola, et aux défis persistants liés à la sécurité alimentaire, à la résistance aux antimicrobiens, à la dégradation des écosystèmes et au changement climatique. « Une seule santé » est apparue plus que jamais comme l’approche la plus pertinente pour relever ces défis complexes et pressants. La Quadripartite a présenté un Plan d’action conjoint en six axes, incluant l’environnement, le renforcement des systèmes de santé, le contrôle des épidémies et pandémies zoonotiques, la sécurité alimentaire et la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. 

L’OMSA prend la tête de la collaboration intersectorielle 

« L’objectif est de mettre en œuvre efficacement les activités « Une seule santé » et de favoriser des résultats positifs au niveau des pays », a déclaré le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Revenant sur la collaboration quadripartite pour « Une seule santé » au fil des ans, il ajoute : « un exemple de cela est notre travail […] avec le secrétariat du G20 Brésil pour apporter de nouvelles perspectives à l’approche « Une seule santé » au sein des forums politiques, en mettant l’accent sur l’importance de la gouvernance et du partage des connaissances. » 

En mars 2024, l’OMSA a pris la présidence du Secrétariat rotatif de la Quadripartite pour l’année à venir, avec un agenda détaillé axé sur la mise en œuvre du Plan d’action conjoint « Une seule santé », le suivi et l’évaluation des travaux de la Quadripartite, l’engagement mondial et les leviers d’investissement pour « Une seule santé », ainsi que la coordination de l’apprentissage et de la formation. L’Organisation est également un acteur de premier plan dans la lutte contre les maladies zoonotiques, grâce à son approche holistique. 

À l’occasion de son 100e anniversaire, l’OMSA réaffirme son engagement fort envers la santé animale : plus que jamais, notre santé. 


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Les origines de l’OMSA remontent à 1921, lorsqu’un chargement de zébus voyageait de l’Inde vers le Brésil. Les zébus ont transité par le port belge d’Anvers, où ils ont été mis en quarantaine avec des bovins en provenance des États-Unis, avant d’être acheminés en train vers des abattoirs européens. Les zébus étaient infectés par la peste bovine, une maladie mortelle qui s’est rapidement propagée aux autres bovins, importés dans toute l’Europe. Cette maladie était déjà bien connue dans cette région et ailleurs, où elle avait tué des millions de bovins par le passé, causant des ravages dans les fermes.  

La crise a rapidement été contenue par l’action des services vétérinaires nationaux, mais elle a confirmé la nécessité d’une coopération internationale sur les procédures de prévention des épidémies. Lors de la Conférence de Paris de 1921, 43 pays et territoires ont décidé de créer un Office international des épizooties. L’OIE [ancien acronyme de l’OMSA] est née le 25 janvier 1924. 

1968 : le premier Code pour réglementer le commerce des animaux et de leurs produits 

En 1960, l’Organisation a lancé l’Opération internationale de quarantaine vétérinaire pour harmoniser progressivement les échanges internationaux d’animaux et de produits animaux. Le Code international zoosanitaire a été publié en 1968, après des années d’efforts sans précédent pour faciliter la normalisation et de multiples conférences mondiales. Il fournit la base réglementaire pour garantir un commerce international sûr des animaux terrestres et aquatiques, ainsi que des produits animaux. 

  • Le Code Terrestre, publié pour la première fois en 1968 sous le nom de Code international zoosanitaire, fournit des normes pour la prévention, la détection précoce, la notification et le contrôle des agents pathogènes chez les animaux terrestres. 
  • Le Code aquatique, a été introduit en 1995 pour étendre les normes de prévention des maladies, de détection précoce, de notification et de contrôle aux amphibiens, crustacés, poissons et mollusques. 

Une approche scientifique et démocratique 

Aujourd’hui, ce premier Code a évolué. Il compose maintenant tout un système, organisé en quatre ensembles de publications, qui fournissent des normes internationales pour surveiller, détecter et contrôler plus de 120 maladies animales, améliorer le bien-être animal, la santé publique vétérinaire et renforcer les Services vétérinaires dans le monde 

Le développement des Normes de l’OMSA repose sur le travail dévoué et complet de comités et de groupes spécialisés, qui s’appuie lui-même sur la rigueur scientifique et le consensus entre les Membres selon des procédures d’adoption transparentes et démocratiques.

Carlos Henrique Baqueta Fávaro, ministre brésilien de l’Agriculture et de l’Élevage. 

En effet, pour rester pertinents avec les derniers développements scientifiques et technologiques, et les retours de leur mise en œuvre, les Codes et Manuels de l’OMSA sont régulièrement mis à jour grâce à un processus consultatif basé sur la science : les révisions proposées pour répondre aux besoins des pays sont développées par des experts, discutées avec les Membres et les parties prenantes clés, et finalement adoptées chaque année par l’Assemblée mondiale des délégués, où chaque Membre dispose d’un vote. 

Une référence pour l’Organisation mondiale du commerce 

Lorsque les Membres votent pour l’adoption des Normes lors de la Session générale annuelle de l’OMSA, ils s’engagent à les transposer dans leur législation nationale. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a adopté en 1995 l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), qui encourage ses membres à fonder leurs mesures sanitaires relatives à la santé animale et aux zoonoses sur les Normes de l’OMSA. 

« Les Normes de l’OMSA, largement reconnues et adoptées par les Membres de l’OMC, offrent une base solide pour harmoniser les réglementations et garantir la sécurité du commerce international des produits animaux.», a déclaré Jean-Marie Paugam, Directeur général adjoint de l’OMC. 

En veillant à la conformité avec les Normes de l’OMSA, les nations peuvent répondre efficacement aux préoccupations commerciales, harmoniser les réglementations et favoriser des flux commerciaux plus fluides, tout en maintenant des standards élevés de santé et de sécurité animale.

Jean-Marie Paugam, Directeur général adjoint de l’OMC.

Pour Carlos Henrique Baqueta Fávaro, ministre brésilien de l’Agriculture et de l’Élevage, « Les Normes de l’OMSA, reconnues par l’OMC comme une référence en matière de santé animale et de zoonoses, apportent sécurité, impartialité et équité au commerce international des animaux et de leurs produits, en évitant des barrières commerciales inutiles. » 

L’OMSA est en effet devenue l’organisation de référence de l’OMC, reflétant l’importance des mesures sanitaires pour faciliter un commerce international sûr des animaux et de leurs produits. Cette collaboration entre organisations internationales et Membres va au-delà du commerce : par exemple, « en tant que partenaire fondateur de la Facilité pour le développement des normes et du commerce (STDF), aux côtés de la FAO, de l’OMS, de la Banque mondiale et de l’OMC, l’OMSA contribue activement à aider les nations en développement à se conformer aux normes et aux exigences sanitaires et phytosanitaires internationales. Des exemples concrets incluent des initiatives au Vietnam, au Laos, au Cambodge et aux Philippines pour contrôler la propagation de la peste porcine africaine, des projets en Mongolie pour améliorer les systèmes d’identification des animaux, et en Éthiopie pour renforcer la conformité SPS pour les exportations de viande », a ajouté Jean-Marie Paugam.

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Appliquant des mesures sanitaires, un inspecteur vérifie les carcasses pour détecter des signes de maladie dans un abattoir. Suivre les normes et recommandations de l’OMSA concernant l’abattage et le commerce est essentiel pour prévenir la propagation des maladies et garantir la sécurité alimentaire. Photo: © OMSA/Amir Hossein Fadaee

Un Observatoire pour surveiller la mise en œuvre des normes

L’OMSA reconnaît que, bien qu’il soit important de développer et publier des normes internationales, ces recommandations doivent être mises en œuvre à chaque frontière internationale, port, ferme et partout où des services vétérinaires sont fournis dans le monde. Dans certains pays, la mise en œuvre peut être entravée par de nombreux facteurs, y compris le manque de ressources financières et humaines, ou d’infrastructures pertinentes. 

L’Observatoire de l’OMSA a été créé pour collecter des données et des faits, et fournir des analyses afin de savoir où en sont les Membres dans cette mise en œuvre. « Les Normes de l’OMSA sont la référence internationale en matière de santé et bien-être animal, et de zoonoses. Cependant, comme pour de nombreux instruments internationaux, les preuves de leur mise en œuvre effective restent rares. L’Observatoire est un projet ambitieux, largement inédit parmi les organisations internationales, visant à apporter de la transparence sur l’utilisation des Normes de l’OMSA », a déclaré Marianna Karttunen, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a apporté son soutien et ses recommandations pour le développement de l’Observatoire. 

Après une phase de test, l’Observatoire de l’OMSA a publié ses premiers résultats en 2022. Le programme devrait atteindre sa pleine vitesse en 2025. Les données sont fournies par les Membres et collectées auprès de sources externes. Elles sont ensuite analysées pour identifier d’éventuelles lacunes dans la mise en œuvre et fournir des recommandations aux Membres, tout en guidant les activités de renforcement des capacités de l’OMSA et le processus de normalisation. 

« Les autres organisations internationales pourront beaucoup apprendre de l’expérience de l’OMSA dans la mise en place de l’Observatoire. La participation active de l’OMSA au Partenariat des organisations internationales pour une réglementation internationale efficace est donc opportune et très bienvenue », a ajouté Marianna Karttunen. 

L’Observatoire est au cœur de la transformation numérique actuelle de l’OMSA, en ligne avec les principes de rigueur, de coopération internationale et de transparence qui maintiennent la pertinence des normes internationales encore aujourd’hui. 


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L’importance économique, sociale et culturelle des animaux pour les sociétés humaines est aussi vieille que le monde. Les animaux sont essentiels à la sécurité alimentaire, à la santé humaine, aux moyens de subsistance, à la durabilité et même pour fournir un soutien émotionnel. Par exemple, « on estime que 200 millions d’animaux de travail soutiennent les moyens de subsistance de plus d’un milliard de personnes à travers le monde », note Roly Owers, président de la Coalition internationale pour le bien-être animal (ICFAW) qui collabore avec l’OMSA pour améliorer le bien-être animal dans le monde entier. 

Avec les rôles importants que les animaux jouent dans nos vies «vient une responsabilité éthique de veiller à ce que le bien-être des animaux soit assuré dans toute la mesure du possible», ajoute Dr Carol Sheridan, secrétaire adjointe de la branche du bien-être animal au sein du département australien de l’Agriculture, des Pêcheries et des Forêts. Pourtant, des ONG comme World Horse Welfare, membre de l’ICFAW, observent encore « un manque de reconnaissance de [leur] importance, de leur santé et de leur bien-être au niveau politique ». 

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Veiller au bien-être animal par une nutrition adéquate et des conditions d’élevage appropriées est la pierre angulaire de la production animale durable. Cela a un impact direct sur la santé et la productivité des animaux. Photo: © OMSA/Ginger Wood

Construire un élan pour le bien-être animal 

Aujourd’hui, nous définissons la mission de l’OMSA dans ces termes : « améliorer la santé et le bien-être des animaux dans le monde entier ». Ce second aspect, étroitement lié au premier, est devenu partie intégrante du mandat de l’Organisation avec l’adoption d’une résolution en 2002. Reconnaissant le lien essentiel entre la santé et le bien-être animal, les Membres ont demandé à l’OMSA [alors l’OIE] de développer une vision et une stratégie détaillées qui incorporeraient toutes les facettes de cette question complexe. 

Plus de vingt ans après, des progrès importants ont été réalisés. Lors de la première Conférence mondiale sur le bien-être animal, organisée à Paris, France, en 2004, les délégués nationaux ont adopté les premières normes sur le transport et l’abattage des animaux, en collaboration avec des organisations internationales, le secteur privé et la société civile. Ces normes ont été publiées dans le Code terrestre en 2004 et dans le Code aquatique en 2008. Le bien-être animal a été officiellement défini comme « l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt »

Les Cinq Libertés

Développées en 1965, les « Cinq Libertés » décrivent les conditions que les animaux devraient connaître sous contrôle humain : 

  1. Absence de faim, de soif et de malnutrition.
  2. Absence de peur et de détresse. 
  3. Absence de stress physique et/ou thermique. 
  4. Absence de douleur, de lésions et de maladies
  5. Liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce. 

Développer des normes sur la science et les preuves

Les organisations de producteurs, comme le Conseil international de la volaille, ont apporté leur perspective professionnelle dans l’élaboration des normes de l’OMSA. « Notre contribution pratique est essentielle pour s’assurer que le travail de l’OMSA repose sur des connaissances et des données scientifiques au niveau des exploitations », a déclaré Ricardo Santin, président du Conseil. « Les directives gouvernementales internationales doivent être appliquées au niveau national et finalement, au niveau des exploitations. Cela nécessite les bons outils de communication et de formation pour que le secteur privé puisse agir en fonction des directives gouvernementales. » 

Pour le Dr Carol Sheridan, « Le développement des normes de l’OMSA a favorisé une compréhension partagée du bien-être animal et du traitement éthique des animaux », ce qui contribue à améliorer le bien-être animal à tous les niveaux. En élaborant des normes internationales basées sur la science, nous avons fourni aux Membres des orientations pour développer leurs propres directives nationales

« Les normes de l’OMSA ont été une base pour le développement des normes australiennes pour l’exportation de bétail et du Système de garantie de la chaîne d’approvisionnement des exportateurs », ajoute le Dr Carol Sheridan.

L’élaboration de ces normes met également en lumière l’importance du bien-être animal pour soutenir les sociétés humaines :

L’existence même des normes de l’OMSA pour le bien-être des équidés de trait a sensibilisé à la valeur et aux rôles des animaux de trait souvent invisibles.

Roly Owers, président de la Coalition internationale pour le bien-être animal (ICFAW)
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Un jeune lama interagit avec son aîné dans une étable. L’interaction comportementale est l’un des cinq domaines utilisés pour évaluer le bien-être animal, avec la nutrition, la santé, l’état mental et l’environnement de vie. Photo: © EC-OMSA

Une stratégie qui reconnaît la contribution du bien-être animal au développement durable

La quatrième Conférence sur le bien-être animal à Guadalajara, au Mexique, en 2016, a ouvert la voie à l’adoption de la Stratégie mondiale pour le bien-être animal de l’OMSA. Dans cette feuille de route, l’OMSA [alors OIE] énumère les différents rôles des animaux et reconnaît « toutes ces utilisations comme légitimes, tout en portant une responsabilité éthique associée pour s’assurer que toute utilisation soit humaine, telle que définie par les normes internationales de l’OIE pour le bien-être animal, en reconnaissance de la sensibilité des animaux ». 

Loin d’une éthique abstraite, le bien-être animal est abordé comme un atout clé pour le développement durable. La Stratégie mondiale pour le bien-être animal de l’OMSA reconnaît que dans les systèmes de production animale, l’attention au bien-être peut améliorer la santé animale, la productivité, la qualité, la sécurité alimentaire et les retours économiques, et donc contribuer à la sécurité alimentaire et à la prospérité économique. « Pour maximiser la contribution du secteur avicole à la sécurité alimentaire, maintenir des oiseaux sains et productifs est essentiel, et le bien-être animal est clé pour des oiseaux en bonne santé », confirme Ricardo Santin. 

La stratégie décrit un plan pour le développement continu des normes de bien-être animal, des activités de renforcement des capacités, ainsi que de la communication et de l’action pour promouvoir la mise en œuvre des recommandations. 

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Des poussins sont préparés pour un vol, conformément aux normes de l’OMSA sur le bien-être animal pendant le transport. Suivre ces recommandations aide à réduire la douleur et le stress causés par les transports longue distance. Photo: © OMSA/Miguel Vilatorro

Collaborer pour intégrer le bien-être animal à la vie agricole

Les Forums mondiaux sur le bien-être animal de l’OMSA, dans le cadre des activités clés de la stratégie, ont pris le relais des conférences précédentes pour favoriser le dialogue sur les sujets les plus difficiles et s’assurer que toutes les parties prenantes sont impliquées. Le dernier forum mondial, tenu en novembre 2023 à Paris, France, a été l’occasion de partager des expériences et des bonnes pratiques sur la législation nationale en matière animale. 

Les ONG sont d’accord avec les producteurs et les gouvernements sur cet aspect particulier : la mise en œuvre est essentielle. « Il reste beaucoup à faire pour mettre en œuvre correctement les normes de l’OMSA au sein des pays et améliorer le bien-être des animaux dans le monde entier », note Roly Owers, soulignant l’importance de la collaboration entre tous les acteurs, en ligne avec la Vision de l’OMSA sur le bien-être animal, publiée en 2024.

La collaboration sera essentielle pour contrer « l’impact croissant du changement climatique sur les industries de l’élevage » qui est susceptible d’affecter le bien-être animal, note le Dr Carol Sheridan. « Grâce à des organisations comme l’OMSA, nous pouvons aborder ces questions en tant que communauté mondiale », ajoute-t-elle. Maintenant, plus que jamais, l’OMSA appelle à un changement de paradigme dans la manière dont les humains interagissent avec les animaux – pour leur bénéfice et le nôtre.


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Monique Eloit at the WOAH headquarters
Monique Éloit, directrice générale

Éditorial du Dr Monique Éloit, directrice générale de l’OMSA

En 1924, l’Organisation mondiale de la santé animale a été fondée en reconnaissance de la menace que représentent les maladies animales, dont la propagation est facilitée par le commerce. Un siècle plus tard, nous avons considérablement fait évoluer l’agenda mondial de la santé animale, aux côtés de la profession vétérinaire dans le monde entier. 

L’OMSA est désormais un acteur important et influent dans les réunions et forums de haut niveau aux côtés de ses pairs des secteurs de la santé humaine, de l’alimentation et de l’agriculture, ainsi que de l’environnement. En regardant vers l’avenir, nous resterons focalisés sur trois objectifs clés : assurer que les Services vétérinaires soient dûment reconnus pour leur rôle essentiel, plaider en faveur de pratiques durables et défendre la santé et le bien-être des animaux pour un monde plus sûr. 

100 ans de prise en charge de la relation humain-animal

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Un médecin spécialisé dans les gorilles du Projet vétérinaire des gorilles des montagnes libère l’orpheline « Djingala » de la caisse où elle était retenue captive par des braconniers. La préservation de la faune en voie de disparition est vitale pour tous. Photo: © EC-OMSA

Comprendre l’importance de la santé animale est crucial pour les humains, car nos sociétés sont profondément liées à l’existence des animaux. Il est de notre devoir d’assumer notre rôle dans la garantie de leur santé et de leur bien-être ; ce n’est pas simplement une option, mais une obligation fondamentale. Le lien entre les humains et les animaux a toujours existé, trouvant son origine dans une relation historique de travail et de subsistance. Aujourd’hui, les animaux font partie intégrante de la vie humaine de nombreuses façons, de l’élevage des animaux domestiques au maintien de l’équilibre des écosystèmes pour préserver la vie sauvage. Pas moins de 2,6 milliards de personnes dépendent du bétail, de la pêche artisanale et de l’aquaculture pour leur subsistance et leurs revenus. Plus récemment, l’impact positif des animaux de compagnie sur notre bien-être émotionnel et physique a également été reconnu. La portée de notre relation avec les animaux est vaste et en constante expansion. 

En tant qu’organisation, l’OMSA a considérablement évolué, englobant désormais de nombreux aspects de la relation humain-animal et élargissant sa mission initiale liée au commerce. Aux côtés de nos partenaires, nous relevons les défis mondiaux d’aujourd’hui, notamment la montée de la résistance aux antimicrobiens, les impacts du changement climatique et la protection de la santé des animaux sauvages.

100 ans de bénéfices pour les communautés 

bien-être animaux - A veterinarian assists a cow birthing her calf
Un vétérinaire assiste une vache qui met bas son veau. Les vétérinaires et les paraprofessionnels vétérinaires jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement des exploitations agricoles. Photo: © EC-OMSA

Chaque fois que des actions sont entreprises pour préserver la santé animale, les sociétés humaines observent d’innombrables effets positifs. Dans un contexte où 60 % des maladies infectieuses qui touchent les humains sont d’origine animale, préserver la santé animale est crucial pour protéger la santé humaine. Maintenir la santé des animaux est essentiel pour garantir l’accès à des approvisionnements alimentaires sûrs, tels que le poisson, la viande, le lait et les œufs, ce qui réduit la pauvreté et la faim. Les femmes représentant de 50 à 70 % de la main-d’œuvre dans le secteur de l’élevage et de l’aquaculture, une meilleure santé animale contribue à l’égalité des genres en procurant aux femmes un revenu fiable et de meilleures conditions de travail. 

Améliorer le bien-être animal améliore la santé animale. Au fil du temps, l’OMSA a intensifié ses efforts en faveur du bien-être animal. En fournissant aux pays des directives détaillées, nous encourageons les agriculteurs à adopter des pratiques plus sûres et responsables. Nous soutenons une transition mondiale vers des méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement, alignées sur plusieurs Objectifs de développement durable (ODD). Améliorer le bien-être animal, c’est améliorer la santé animale, ce qui se traduit par une productivité accrue. De plus, le bien-être animal contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution liée à l’agriculture. L’agriculture représente 10 à 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la production de viande, de volaille et de produits laitiers représentent 75 % de ce taux. Reconnaître le rôle important de l’élevage animal dans les émissions de gaz à effet de serre et les réduire grâce à des méthodes durables est essentiel pour relever le défi du changement climatique, l’un des défis les plus importants pour l’humanité.

100 ans de défense de la santé et du bien-être animal dans les discussions mondiales 

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Un vétérinaire rend visite à un village pour offrir ses services. L’OMSA plaide en faveur d’une meilleure reconnaissance de la valeur du personnel vétérinaire dans les discussions mondiales. Photo: © EC-OMSA

Lorsque l’OMSA a été créée il y a 100 ans, son objectif était d’aider à atténuer la propagation des maladies à travers les frontières, notamment par le biais du commerce. Une épidémie de peste bovine en Belgique a suscité une préoccupation internationale, conduisant à la mise en place d’un système d’information et de signalement des maladies animales. 

Au niveau mondial, l’OMSA a été rapidement reconnue comme l’organisation de référence en matière de santé animale et de zoonoses par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Partant de là, nous avons progressivement gagné en influence en tant que porte-parole du personnel vétérinaire sur les défis mondiaux cruciaux. Grâce à une approche « Une seule santé » et à notre collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) au sein du partenariat quadripartite, nous avons toujours représenté la perspective de la santé animale sur la scène internationale. Au G20, à l’Assemblée générale des Nations unies, au Forum de Paris pour la paix ou au G7, nous avons montré notre engagement à jouer un rôle dans la résolution des problèmes multidimensionnels de notre époque. 

Demain : répondre ensemble aux défis mondiaux 

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Des écoliers se tiennent aux côtés d’un âne dans le brouillard. Les animaux sont souvent les victimes silencieuses des défis mondiaux qui affectent les humains, des événements météorologiques extrêmes aux crises économiques.  Photo: © EC-OMSA

À l’avenir, nous continuerons à nous adapter, tout comme nous l’avons fait au cours du siècle dernier, en restant attentifs aux besoins évolutifs de nos Membres et des sociétés humaines et en fournissant les réponses les plus appropriées. En 1924, les nations ont reconnu l’importance de s’unir derrière une mission commune : stopper la propagation de maladies telles que la peste bovine. Un siècle plus tard, en 2024, le même niveau de collaboration et de solidarité est essentiel pour relever les défis d’aujourd’hui. Que ce soit en répondant aux événements météorologiques extrêmes, en faisant face à la menace de la résistance aux antimicrobiens ou en se préparant aux pandémies, ces défis exigent une approche collective et multisectorielle. Alors que l’OMSA entame son deuxième siècle, nous sommes plus que jamais engagés dans les efforts mondiaux pour une seule santé, en utilisant notre engagement envers la santé et le bien-être des animaux comme fondement pour créer un avenir plus durable. 

Parce que la santé animale, c’est notre santé.
C’est la santé de tous. 

Dr Monique Éloit
directrice générale de l’OMSA.


Avez-vous lu ?

Et si l’intelligence artificielle palliait la pénurie de vétérinaires à l’échelle mondiale ? Quels seraient les défis d’une hausse rapide des températures pour l’aquaculture et la pêche ? Célébrer un siècle d’existence est l’occasion parfaite pour prendre du recul et anticiper l’avenir.

De septembre 2023 à janvier 2024, l’OMSA a conduit un projet de prospective, rassemblant plus de 70 acteurs du domaine de la santé et du bien-être animal. L’objectif ? Utiliser les techniques de prospective pour imaginer des futurs variés et collecter des idées propices à la prise de décisions éclairées et à l’élaboration de stratégies avisées. 

Pourquoi l’OMSA se tourne-t-elle vers la prospective ? 

L’intérêt pour la prospective augmente alors que de plus en plus d’individus et d’organisations réalisent qu’il est essentiel de comprendre et d’analyser différents futurs pour répondre aux défis du 21e siècle. Dans ce contexte, dès 2019, les Membres ont demandé à l’OMSA de mettre en place des initiatives de prospective aux niveaux régional et mondial, afin de planifier et de s’adapter à des futurs incertains.  

En réponse, l’OMSA a adopté des méthodes de prospective pour sensibiliser aux changements, opportunités ou perturbations actuels ou émergents dans les secteurs de la santé et du bien-être animal, et au-delà. Ces approches incluent l’analyse des implications des tendances et problèmes naissants, comme le changement climatique, à travers des scénarios qui orientent la prise de décision et les politiques. Elles aident à tester des stratégies existantes et à en développer de nouvelles, renforçant notre capacité à inclure l’incertitude plutôt que de tenter de l’éliminer. Cela permet à l’Organisation et à ses Membres de considérer le présent sous un nouvel angle. 

De l’éco-révolution à l’exploration spatiale  : cinq scénarios pour la santé animale 

À l’occasion du centenaire de l’OMSA, une série d’ateliers de prospective participative a été organisée, incluant des membres de l’Association internationale des étudiants vétérinaires (IVSA) et des professionnels expérimentés. Ils ont exploré les tendances actuelles et futures ainsi que les moteurs de changement, tels que l’émergence de l’IA, les menaces biologiques, les progrès médicaux ou le changement climatique, afin de développer une variété de scénarios futurs.  

Cinq scénarios ont été élaborés : « L’évolution-révolution montante » explorait les impacts du changement climatique sur le système alimentaire et la prolifération de la biotechnologie. « Nous faisons confiance à l’OMSA » abordait les impacts de la désinformation et de l’érosion de la confiance du public dans le contexte d’une crise du système alimentaire. « Les jeux de la faim » décrivaient un effondrement du système alimentaire suite à des tensions politiques et économiques, dans un contexte où l’intelligence artificielle est devenue centrale pour relever les défis de la santé et du bien-être animal.  

« La santé animale, des profondeurs des océans aux étoiles » explorait les développements technologiques dans la production animale au croisement de l’industrie spatiale en pleine expansion, le tout conduisant aux premières fermes satellites extraterrestres. « Agriculture pour la résilience » décrivait les effets des polycrises sur l’agriculture, la diversité des pratiques agricoles (des coopératives à petite échelle à l’agriculture dirigée par des robots), ainsi que la diffusion de superbactéries multi-espèces dans le monde par le côté sombre de la science. 

Foresight_the future of animal health_Eco revolution rising
Scénario un :  L’évolution-révolution montante 
Foresight_The future of Animal Health In WOAH we trust
Scénario deux : Nous faisons confiance à l’OMSA
Foresight_The futures of animal health_Scenario Three Hangry games
Scénario trois : Les jeux de la faim 
Foresight_the future of animal health_from the oceans to the stars
Scénario quatre : La santé animale, des profondeurs des océans aux étoiles 
Foresight_future of animal health_farming for resilience
Scénario cinq : Agriculture pour la résilience

Ces ateliers ont permis de définir des stratégies innovantes face aux défis décrits. Chaque participant a apporté ses priorités et découvert d’autres enjeux en cours de route. Les solutions envisagées collectivement allaient de l’augmentation de l’exposition des jeunes enfants à la science et à l’expérimentation, à la formation sur les technologies innovantes pour tous les vétérinaires, jusqu’à une intensification globale de l’approche « Une seule santé ». 

Promouvoir une vision à long terme et une prise d’action aujourd’hui 

Quels sont les principaux défis auxquels la santé et le bien-être animal seront confrontés dans les années à venir ? Les participants au projet de prospective qui représentaient la jeunesse ont partagé leurs points de vue. Pour Anandu Rajaji, membre de l’IVSAen Inde, « la popularité croissante des substituts de viande et de lait nécessite des recherches approfondies », et « la montée de la résistance aux antimicrobiens exige une action urgente ». Pour Anna Wilson, présidente du bien-être animal de l’IVSA en Inde, « les causes profondes de nombreuses maladies émergentes, les changements climatiques, les conflits homme-animal et d’autres problèmes environnementaux sont la déforestation et la pollution ». « L’énormité de nos défis m’est devenue plus apparente », ajoute-t-elle.

Alors que le projet de prospective a confronté chaque participant à la réalité des défis à venir, il a également favorisé le dialogue et l’échange d’idées.

« L’avenir présente maintenant des défis passionnants, regorgeant d’opportunités de changement positif »



Marta Masserdoti,
Présidente de l’approche Une seule santé de l’IVSA en Italie. 

Une communauté engagée pour la santé et le bien-être animal

L’importance du secteur de la santé et du bien-être animal et la responsabilité de ses parties prenantes dans la résolution des défis présents et futurs semblent désormais plus claires que jamais. « Il devient de plus en plus évident que la santé des animaux est interconnectée avec les plus grands problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui. C’est précisément leur ampleur qui devrait nous inspirer un espoir inébranlable que le monde, en particulier les jeunes, se rassemblera pour les résoudre », déclare Mehdi Amrani Souhli, membre de l’IVSA au Maroc.

Face aux nombreuses issues possibles des tendances actuelles, les participants au projet de prospective ont trouvé du réconfort au sein de cette communauté. Alors que des images collectives des futurs apparaissaient, le groupe a développé des perspectives communes sur ce qui est possible, ainsi qu’un sentiment partagé d’identité et de possibilité. 

« Ma vision de l’avenir a changé pour le mieux lorsque j’ai réalisé qu’il y avait des gens partageant les mêmes idées qui tentaient d’apporter des changements fondamentaux aux défis systémiques auxquels nous sommes confrontés »

Lisa Buren, membre de l’IVSA des Pays-Bas.

Qu’est-ce que la prospective ?  

La prospective est un domaine d’étude qui consiste à identifier les tendances émergentes et les problèmes actuels, et à utiliser ces connaissances pour cartographier les futurs possibles. Les futurs possibles visent à soutenir la prise de décision dans le présent. La prospective s’appuie sur l’utilisation de compétences en réflexion stratégique pour prendre des décisions stratégiques1. Elle peut impliquer une large gamme de techniques. 


Avez-vous lu?

Dame Sally Davies est l’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la résistance aux antimicrobiens (RAM). Après une carrière en tant qu’hématologiste et Médecin-Chef de l’Angleterre, elle est maintenant une ardente défenseuse de la lutte contre la RAM sur la scène mondiale.  

Le Professeur Scott Weese est vétérinaire et professeur en pathobiologie au Collège Vétérinaire de l’Ontario, Canada, ainsi que directeur du Centre de santé publique et des zoonoses. Il est également co-auteur du blog scientifique populaire « Worms and Germs » sur la santé animale. 

Quand la résistance aux antimicrobiens a-t-elle été reconnue pour la première fois ? 

Dame Sally Davies : Alexander Fleming lui-même, le découvreur de la pénicilline, l’a reconnue dès 1945. Nous étions toujours conscients que cela pouvait arriver. Au cours de la dernière décennie, les données montrent que la RAM a progressé de manière constante. On m’a demandé de présider le premier Groupe consultatif stratégique et technique sur la RAM en 2014 et le premier Plan d’action mondial a été adopté en 2015 à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avec le soutien de l’OMSA et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

Professeur Scott Weese : Des problèmes similaires sont apparus chez les animaux, mais il a fallu plus de temps pour les reconnaître comme une résistance, car il y a moins de tests et de recherche en santé animale qu’en santé humaine. Néanmoins, l’OMSA a mis en garde contre l’utilisation impropre des antibiotiques dès 1952, dans une résolution. 

« Les praticiens ne doivent pas utiliser les antibiotiques à leur fantaisie, mais suivre des règles établies par l’expérience. L’utilisation d’antibiotiques contre des germes insensibles ou spécifiquement résistants et l’utilisation de doses trop faibles ou pendant une période trop courte peuvent révéler des germes résistants, retarder le début d’une thérapie efficace et entraîner des échecs thérapeutiques, portant atteinte à une méthode qui, lorsqu’elle est appliquée de manière judicieuse et correcte, a sauvé de nombreuses vies humaines et animales. » 

Extrait de la résolution de l’OMSA de 1952, basée sur des preuves scientifiques rapportées en 1948. 

Pourquoi les parties prenantes de la santé humaine et animale doivent-elles travailler ensemble pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens ? 

Prof. S.W. Nous ne sommes pas sûrs dans quelle mesure la RAM chez les humains est imputable aux animaux : probablement entre 4 % et 96 % ! Ce que nous savons, c’est que nous avons besoin que tout le monde agisse. Les médecins, les vétérinaires, les êtres humains et les vétérinaires. Dans le passé, un « jeu de reproches » se déroulait : les vétérinaires accusaient les médecins d’administrer des antibiotiques aux enfants contre les infections virales [rappel : cela ne fonctionne pas], les médecins blâmaient la surutilisation d’antibiotiques chez le bétail… La vérité est que nous devons tous faire mieux. 

D.S.D. Les calculs de l’OMS ont montré que les antibiotiques ajoutent 20 années supplémentaires à la vie humaine. Nous ne voulons pas les utiliser de manière incorrecte pour éviter le développement de la résistance. Nous savons également que les animaux, y compris les humains, rejettent plus de 70 % des antibiotiques qu’ils absorbent dans leurs urines et leurs selles. Sans un assainissement extraordinairement moderne, les fermes à forte utilisation, les hôpitaux et autres installations peuvent contaminer l’environnement. 

Que peut faire une organisation internationale telle que l’OMSA ? 

Prof. S.W. L’OMSA a été une voix forte sur des questions telles que la promotion de la croissance. Indiquer aux agriculteurs quoi faire peut être impopulaire, c’est pourquoi cela facilite les choses pour les pays s’ils bénéficient d’un soutien international. Il y a également un volet de plaidoyer : l’OMSA incite les nations à élaborer des plans d’action robustes financièrement pour améliorer non seulement l’utilisation des antibiotiques, mais l’ensemble des systèmes de santé. 

D.S.D. L’OMSA joue un rôle de leader. Cela montre que la résistance aux antimicrobiens est importante, que ce n’est pas seulement un problème de santé humaine. 

Tackling AMR_a scientist in an in-house farm with chickens
La promotion de la croissance désigne l’utilisation d’antimicrobiens chez des animaux sains pour augmenter la productivité. La plupart des pays ont mis en place des mesures législatives et réglementaires pour éliminer progressivement cette pratique. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires, car ces médicaments sont encore utilisés de manière inappropriée comme agents de croissance. 

Quels ont été les principaux accomplissements dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens ces dernières années ?  

D.S.D. En 2016, lors de la réunion de haut niveau des Nations unies, le Secrétaire général a établi le Groupe de coordination inter-institutions (IACG) qui a impliqué ensemble l’OMSA, l’OMS et la FAO sur un pied d’égalité. En 2019, le Groupe des Leaders mondiaux a été créé, avec un Secrétariat conjoint comprenant l’OMSA, l’OMS, la FAO et, récemment, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’inclusion du PNUE montre que la résistance n’est plus seulement une question de santé humaine ou animale, mais véritablement un sujet « Une seule santé ». La plupart des pays sont désormais prêts à mettre en place un plan d’action national contre la RAM, bien que le financement reste un problème. La Plateforme multi-parties prenantes récemment lancée intègre le secteur privé et la société civile, car l’utilisation responsable ne relève pas uniquement de la réglementation, mais également de la sensibilisation, de la compréhension et de l’engagement collectif de tous. 

Que pouvons-nous faire aujourd’hui contre la résistance aux antimicrobiens ? 

D.S.D. Commençons par prévenir les infections. La première étape est d’avoir de l’eau propre, des systèmes d’assainissement, une bonne ventilation et d’utiliser du savon : dans les établissements de santé, dans l’élevage d’animaux et dans les foyers. Nous avons besoin d’une utilisation plus répandue des vaccins : des campagnes routinières, ainsi que de nouveaux vaccins pour l’élevage animal. Nous devons également améliorer les diagnostics pour que les antibiotiques ne soient utilisés que lorsqu’ils sont nécessaires et non en raison d’un diagnostic erratique ou pour promouvoir la croissance. La lutte contre la résistance aux antimicrobiens a besoin de soutien et implique de former les parties prenantes aux expertises vétérinaires et médicales. 

Prof. S.W. La RAM est un problème délicat, car c’est le résultat final de nos défis en matière de soins de santé. Il n’y a pas de remède miracle : commençons par des étables meilleures, avec une bonne ventilation. Nous avons besoin d’une meilleure éducation, de l’autonomisation des femmes qui sont souvent décisionnaires en matière de santé, et d’un accès équitable aux traitements et préventions appropriés. Nous devons également changer les mentalités dans l’agriculture, car nous rencontrons beaucoup de résistance au changement de la part de personnes qui ont toujours fait les choses d’une certaine manière et ne comprennent pas nécessairement pourquoi nous ne pouvons pas continuer comme avant. 

Une Réunion de haut niveau des Nations unies se concentrera sur la résistance aux antimicrobiens en septembre 2024. Que proposerez-vous à cette occasion ? 

D.S.D. Nous aimerions sortir de la Réunion de haut niveau avec un panel scientifique indépendant, détenu par des pays à faible et moyen revenu, qui pourrait fixer des objectifs mondiaux. Le PNUE pourrait jouer un rôle clé pour s’assurer de cela, compte tenu de son expérience avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). 

Prof. S.W. Nous devons nous concentrer sur des actions concrètes pour les prescripteurs et les agriculteurs. Réduire l’utilisation d’antibiotiques au kilogramme n’est pas un objectif efficace, car les résultats varient d’un médicament à l’autre. Nous avons besoin de plus de financement pour la recherche, afin de comprendre exactement quels facteurs favorisent la résistance. Par exemple, nous préparons des lignes directrices basées sur une application pour les Services Vétérinaires dans les pays à faible et moyen revenu, avec un contenu adapté à ce qui est disponible dans chaque pays. Nous avons également proposé une classification de type AWaRe pour les antibiotiques destinés à un usage vétérinaire. 

D.S.D. Nous avons besoin de normes pour mettre en œuvre les bonnes pratiques déjà éprouvées, ainsi que d’innovation en matière de promotion de la croissance, de désinfection, de diagnostic, de nouveaux traitements abordables et de vaccins. Pour la Réunion de haut niveau de 2024, j’ai suggéré de mettre l’accent sur l’accès aux médicaments, car on ne peut pas se préoccuper de la résistance lorsque les gens n’ont pas accès aux antibiotiques standards et essentiels, à l’hygiène de base et aux vaccins. 

Prof. S.W. Les gens ne manifestent pas dans les rues pour la RAM comme ils le font pour le changement climatique : nous devons motiver les gens, les groupes et les nations à agir. Plutôt que de détourner le blâme, nous avons besoin que toutes les organisations travaillent ensemble. Une approche « Une seule santé », telle que nous la construisons actuellement, est beaucoup plus efficace. 


Avez-vous lu?

« La médecine guérit l’homme, la médecine vétérinaire guérit l’humanité », dit l’adage. En effet, le rôle des Services vétérinaires s’étend bien au-delà de la santé animale, avec un impact sur les sphères sociale, économique, environnementale et de santé publique.

Pour soutenir les pays dans l’amélioration de ces services, l’OMSA a initié le Processus PVS en 2007. Ce programme fournit une évaluation experte et indépendante des compétences essentielles des Services vétérinaires, permettant ainsi un renforcement ciblé et efficace des capacités.

Depuis la création du Processus PVS et jusqu’en mars 2024 :

Près de

600

activités du PVS ont été menées dans plus de 140 pays 

78%

des Membres de l’OMSA ont participé à au moins une activité du PVS

Processus de PVS : des évaluations sur le terrain au soutien ciblé

Lors de chaque mission d’évaluation, des experts formés par l’OMSA rencontrent une variété d’acteurs nationaux, des ministres aux agriculteurs. Ils effectuent des visites de terrain, notamment de laboratoires, de postes frontaliers et d’abattoirs. Dans leur rapport, ces experts analysent les défis et avantages uniques de chaque pays pour soutenir l’amélioration continue des Services vétérinaires. Grâce aux preuves collectées, ils formulent des recommandations qui permettent aux pays de prendre en charge, d’agir et de prioriser les améliorations nécessaires à leurs systèmes de santé animale.

« Les recommandations du PVS constituent un outil fondamental, offrant un diagnostic formel, une évaluation objective et indépendante validée par l’OMSA, sur la qualité des Services vétérinaires », explique M. Esteban Valenzuela Van Treek, ministre de l’Agriculture du Chili. « Elles permettent d’identifier les lacunes et les déficiences », ajoute-t-il.

En 2017, pour célébrer le dixième anniversaire du programme, les parties prenantes clés se sont réunies lors du Forum Think Tank du Processus PVS. L’objectif était de définir les orientations futures et de réfléchir aux moyens de maintenir la pertinence et l’attractivité du programme. Deux ans plus tard, le Processus PVS renouvelé a été lancé, articulé autour des quatre étapes toujours en vigueur aujourd’hui : orientation, évaluation, planification et soutien ciblé.

Pour mieux répondre aux besoins spécifiques et s’aligner sur les efforts mondiaux de contrôle et d’éradication de l’OMSA et de ses partenaires, des stratégies ciblées sur des maladies telles que la peste des petits ruminants, la rage et la peste porcine africaine ont été développées. Pour M. Esteban Valenzuela Van Treek, « l’intégration de la résistance aux antimicrobiens (RAM) comme l’une des 45 compétences critiques » des évaluations PVS représente une « amélioration fondamentale ». Cette intégration est cruciale, car elle « prend en compte l’un des principaux défis de santé mondiale que l’humanité devra affronter : la RAM ».

Fournir aux pays des outils et des ressources pour le plaidoyer

En 2024, près de 600 activités du PVS ont été réalisées. Les rapports d’évaluation offrent une analyse des performances des Services vétérinaires sur des aspects cruciaux tels que les cadres juridiques et réglementaires ainsi que les ressources humaines, financières et matérielles. Ce faisant, ils assurent la conformité avec les normes internationales de l’OMSA. Ces recommandations précises et pratiques ont élevé les rapports de PVS au rang d’outil essentiel pour les investissements stratégiques.

Pour Gilberto Correia Carvalho Silva, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement du Cap-Vert, « l’évaluation PVS nous permet de mobiliser des ressources financières pour aligner nos Services Vétérinaires nationaux sur les normes nationales, régionales et internationales ».

Abhijit Mitra, commissaire à l’Élevage, se souvient bien de l’Évaluation PVS des Services vétérinaires indiens, réalisée en 2018. « Cela nous a aidés à identifier les lacunes et à prendre des initiatives pour renforcer nos Services Vétérinaires », dit-il. « Plus tard, lorsque nous élaborions un projet de Fonds pandémique pour obtenir le soutien de la Banque mondiale, cette évaluation a été cruciale pour définir nos objectifs, nos activités et nos stratégies de développement. Lorsque nous avons soumis notre projet, nous avons réalisé que l’évaluation nous avait donné un avantage sur les autres candidats. »

Évaluations PVS : un coup de pouce pour les exportations agricoles

Les Évaluations PVS ne sont pas seulement destinées aux pays en développement. Okita Masatsugu, directeur de la Division de la Santé animale au ministère de l’Agriculture, des Forêts et des Pêches du Japon, a participé à l’évaluation PVS du Japon en 2016. « C’était la première fois que nos Services vétérinaires faisaient l’objet d’une évaluation complète. Nous souhaitions identifier les lacunes de nos systèmes vétérinaires. Mais surtout, nous voulions démontrer notre transparence et notre responsabilité envers nos partenaires commerciaux. Grâce à cette initiative Processus PVS, nous avons nettement progressé dans l’exportation de produits japonais, tels que le bœuf wagyu. »

Sur la scène internationale, les recommandations du PVS fournissent des informations essentielles aux agences de développement, comme la Banque mondiale. Elles nous permettent d’adapter nos opérations de prêt et nos programmes d’assistance technique. Ces recommandations influencent les décisions concernant la répartition des ressources et la conception de projets, assurant ainsi que les interventions sont précisément ciblées et alignées sur les priorités nationales.

Renaud Seligmann, directeur de la Banque mondiale pour la Stratégie et les Opérations du Groupe de pratique du développement durable 

« De plus, les rapports de suivi PVS encouragent le dialogue et la collaboration entre les pays, les organisations internationales et les donateurs, favorisant des partenariats stratégiques pour relever les défis communs en matière de santé et de bien-être animal, » ajoute Renaud Seligmann.

« Sortir les rapports de l’étagère » avec un nouveau système d’information pour le PVS

Au fil de ses 17 années d’existence, le programme a accumulé un ensemble de données comparatives et d’informations sur les Services vétérinaires nationaux, à travers le temps et les différents pays. En mai 2024, l’OMSA lancera un nouveau système d’information pour le PVS. Barbara Alessandrini, responsable du département de Renforcement des capacités de l’OMSA, explique : « L’idée est de sortir les rapports de l’étagère pour les utiliser de manière plus efficace ». Elle ajoute : « Désormais, les pays pourront exploiter les données et les informations des rapports de suivi PVS pour réaliser des analyses qualitatives et quantitatives, et bénéficier d’un véritable cadre d’évaluation et de suivi basé sur l’atteinte des compétences clés du PVS. »

Certains Membres ont déjà commencé à utiliser la nouvelle plateforme. Le Dr Pebi Suseno, vétérinaire senior en Indonésie, témoigne : « Auparavant, nous devions parcourir de longs documents pour trouver des informations spécifiques. Le nouveau système d’information va simplifier notre travail. » Il ajoute : « En quelques clics, nous pouvons accéder aux données et aux recommandations nécessaires pour chaque projet. »

Barbara Alessandrini estime que le nouveau système d’information va transformer la manière dont les données du PVS sont utilisées, en accord avec leur but initial : « les Membres gagnent en autonomie grâce à l’accès aux informations. Il en va de même pour les partenaires techniques et financiers, ainsi que pour l’OMSA. La transparence des Services vétérinaires nationaux est renforcée par le partage d’informations des Membres. Au fil des ans, nous avons démontré que les décisions basées sur des preuves sont toujours plus efficaces. »

Renforcer les capacités de l’éducation initiale à l’éducation continue 

L’OMSA se consacre au développement professionnel continu de tous les acteurs du personnel vétérinaire, qu’il s’agisse de vétérinaires, de para-professionnels vétérinaires ou d’agents de santé animale communautaires. Nous établissons une base solide dès la formation initiale en élaborant des lignes directrices exhaustives pour les établissements d’enseignement vétérinaire et en mettant en place des projets de jumelage. En parallèle, nous soutenons l’éducation continue via des formations et une plateforme d’apprentissage en ligne.

Notre engagement va plus loin en favorisant un environnement propice à l’amélioration des Services vétérinaires, incluant le développement de législations vétérinaires adéquates, la mise en œuvre de partenariats public-privé efficaces et la création de réseaux de laboratoires nationaux durables.


Avez-vous lu ?

Le 13 mars 2024, l’OMSA a informé le monde que « la grippe aviaire hautement pathogène (IAHP) [avait] atteint un jalon sans précédent», avec la découverte d’un labbe du pôle Sud mort sur une base antarctique argentine. Des échantillons prélevés sur le cadavre ont été envoyés pour analyse dans une base voisine, où il a été démontré que l’oiseau marin était mort de l’IAHP. Une notification immédiate a été publiée sur le Système mondial d’information sur la santé animale (WAHIS) de l’OMSA, avec des recommandations pour une action conjointe.

Cette nouvelle information a été ajoutée à la base de données, cartographiée et référencée dans le temps avec d’autres événements de santé animale récents. Les professionnels et parties prenantes accèdent à une vue globale des cas les plus récents de peste porcine africaine, de SARS-CoV-2 ou de rage, entre autres maladies animales, dans le monde.  

Partager l’information sur la santé animale : au cœur de la mission de l’OMSA

« Sans transparence et partage des données et informations pertinentes sur la situation de la santé animale, nous ne serions pas en mesure de prévenir et de combattre efficacement les maladies animales existantes, sans parler des menaces émergentes », déclare Jacob Jensen, le ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Pêcheries du Danemark. 

La collecte et la publication des données étaient au cœur du mandat initial de l’OMSA depuis sa création en 1924, en réponse à une épidémie de peste bovine en Europe. En établissant l’OIE, les 28 pays fondateurs se sont engagés à notifier l’Organisation « de la suspicion ou de la confirmation d’une épidémie, d’une infection/infestation ou d’un autre événement épidémiologique », pour que toutes les autorités vétérinaires des Membres puissent être averties à leur tour. À l’époque, les notifications se faisaient par le moyen de communication le plus rapide disponible : les télégrammes. 

Cent ans plus tard, le système a évolué et reste plus pertinent que jamais.

La notification des maladies et l’échange en temps opportun d’informations sont vitaux alors que « le changement climatique et la pression croissante sur les ressources naturelles posent des défis significatifs pouvant contribuer à l’émergence de nouvelles maladies. 

Mahmoud Elies Hamza, le ministre de l’Agriculture de Tunisie.
Animal health information_A shepherd and sheep in the mountains_Iran Veterinary Organization.
Un berger et ses moutons dans les montagnes. Avec ses 13 représentations régionales et ses plateformes numériques en ligne, l’OMSA travaille à améliorer l’accès aux informations sur la santé animale dans les zones reculées. Photo: © Iran Veterinary Organization

Vérification des données et suivi des rumeurs

Au fil des années, la collecte et la diffusion des données ont progressé avec les technologies disponibles. La première base de données numérique, Handistatus, a été mise à disposition en 1996 et le serveur central de WAHIS a été créé en 2005. À l’époque, la plateforme incluait déjà un système d’alerte précoce associant des messages d’alerte sur les nouveaux cas de maladies dans le monde entier à un système de suivi avec des rapports thématiques sur tous les sujets, y compris les Services vétérinaires, la production de vaccins, la population animale et les cas humains de zoonoses. 

En 2016, WAHIS fournissait des informations spatiales et temporelles sur les maladies, des détails sur les tests de diagnostic et les laboratoires qui les réalisent, des données quantitatives sur les animaux infectés et des données qualitatives sur les mesures de contrôle et l’état des maladies. « Le processus de vérification des données est un point de contrôle critique pour notre Organisation, comprenant des vérifications de cohérence avec des observations historiques, le contexte régional et mondial, ainsi que des informations non officielles qui circulent », a déclaré le Dr Montserrat Arroyo, directeur général adjoint de l’OMSA pour les Normes internationales et la Science. 

Des informations en temps opportun assurent un commerce sûr

En recevant des informations sur la santé animale de la part des pays et des territoires, et en les partageant en temps opportun, l’OMSA soutient le commerce sûr entre les pays. Face aux épidémies de peste porcine africaine (PPA) en Amérique, le Mexique a pleinement tiré parti de WAHIS.

Cette surveillance internationale nous a permis de maintenir à jour notre analyse des risques pour l’introduction de la PPA, de détecter les voies d’introduction possibles et d’établir de nouvelles barrières pour maintenir un commerce sûr .

Dr Juan Gay Gutiérrez, directeur général de la santé animale et délégué de l’OMSA pour le Mexique.


Pour le ministre néo-zélandais de la Biosécurité, Hon Andrew Hoggard, « la diffusion précise et transparente des informations sur la survenue de maladies animales est fondamentale pour que les pays importateurs puissent avoir des échanges commerciaux en toute confiance avec la Nouvelle-Zélande ». 

En outre, les pays qui font des rapports réguliers sur WAHIS sont susceptibles d’obtenir de nouvelles opportunités commerciales grâce à la transparence qu’apporte un système d’information fonctionnel. « Notre solide historique de rapports dans WAHIS est une manière tangible de démontrer que nous avons un système national de biosécurité animale robuste et que nous sommes transparents sur notre statut sanitaire, ce qui aide à établir la confiance avec nos partenaires commerciaux », note Hon Andrew Hoggard. 

Plus de

100

pays ont signalé des épidémies de 46 maladies animales différentes en 2023

Près de

5 000

notifications d’alerte ont été diffusées depuis le lancement de WAHIS en 2005.

Faire de l’accès ouvert aux informations sur la santé animale une réalité

En 2017, WAHIS contenait une mine d’informations fiables. Il était temps de relever un nouveau défi : faciliter l’accès aux données pour tous les utilisateurs. Après quatre ans de développement et de tests, un système rénové a été lancé en 2021. Le nouveau système est plus rapide et plus intuitif, offrant la possibilité d’exploiter et de télécharger des données, et de visualiser des données temporelles et spatiales. L’information est disponible pour compléter celles d’autres organisations ainsi que les bases de données nationales et régionales d’intérêt, ce qui améliore la prise de décision dans le monde entier. 

Depuis 100 ans, les données sur la santé animale collectées par l’OMSA sont gratuites et accessibles à tous : agences gouvernementales, industries, chercheurs, universitaires, journalistes… Ce fonctionnement est en ligne avec le principe fondateur de l’Organisation selon lequel des informations fiables, en temps opportun et accessibles sont cruciales pour une action mondiale efficace sur la santé animale et la santé publique. 

Ressources pour contrôler les maladies animales prioritaires 

Pour aider les pays à faire face aux défis de la santé animale tels que la rage, la tuberculose ou la fièvre aphteuse, entre autres, l’OMSA ne fournit pas seulement à ses Membres l’accès à des données vérifiées. Les connaissances acquises sur les maladies sont utilisées pour élaborer des stratégies spécifiques avec des partenaires clés. Ces cadres fournissent des recommandations pratiques pour guider les pays dans la prévention et le contrôle des maladies animales prioritaires. 

De plus, l’OMSA améliore l’accès à des vaccins de haute qualité grâce à ses banques, mises en place pour la rage, la peste des petits ruminants et la fièvre aphteuse ces dernières années. En avril 2023, plus de 125 millions de doses de vaccins avaient été livrées pour ces maladies. 


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