Maladies animales : leur incidence sur la société
Si une famille de Madagascar perd un zébu à cause d’une maladie, elle n’est pas juste privée de la valeur de l’animal. Les bovins sont souvent une planche de salut pour leurs propriétaires. Par leur travail pour labourer, tirer les charrues et fournir du lait au ménage, ils sont étroitement liés à la vie familiale. Les maladies animales peuvent également avoir des répercussions sur le commerce, l’approvisionnement alimentaire, les moyens de subsistance et, en définitive, sur la santé et le bien-être des humains. Même si ces effets peuvent s’avérer difficiles à quantifier, leur analyse est importante pour pouvoir répondre aux besoins des éleveurs de manière appropriée.
C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu’OIE) a établi un partenariat avec l’université de Liverpool (UoL) afin de promouvoir le développement des connaissances en économie de la santé animale. Le but ultime est d’aider les Services vétérinaires et les Services de santé des animaux aquatiques à jouer le rôle le plus efficace possible dans la vie des individus et dans les économies nationales.
En 2021, l’OMSA et ses partenaires ont réuni plus de sept millions de dollars pour déployer le programme GBADs (« l’impact mondial des maladies animales »). À travers celui-ci, nous mettons tout en œuvre pour comprendre à la fois les coûts directs et indirects des maladies animales afin d’améliorer non seulement la santé et le bien-être des animaux, mais aussi le bien-être humain, en particulier dans les communautés rurales fondées sur l’agriculture. Cela inclut les conséquences sur les cheptels et l’agriculture, le coût des efforts de lutte et les répercussions sur les négociants.
« Le programme GBADs aidera les Services vétérinaires à améliorer leurs investissements dans le renforcement des systèmes de santé animale, leur allocation des ressources et leur permettra de disposer d’une structure de données pour évaluer les politiques passées », explique Jonathan Rushton, directeur du programme GBADs, basé à l’université de Liverpool, Royaume-Uni.
1,3 milliard des personnes dépendent des animaux pour vivre
300 milliards de dollars est le coût annuel direct estimé des pertes de bétail dues aux maladies animales
Rapprocher les sciences économiques et les connaissances vétérinaires
À ce jour, les estimations de « l’impact » global des maladies animales s’avèrent limitées en raison de l’absence d’un processus systématique et standardisé entre les pays et les systèmes de production animale. Quelle est l’incidence des maladies animales sur la santé et le bien-être des humains ? Quelles sont les conséquences socioéconomiques positives de la mise en œuvre de mesures préventives à long terme ? La réponse à ces questions ne peut venir que de la fusion des connaissances des sciences vétérinaires et économiques.
« Si nous savons ce que nous perdons ou ce que nous dépensons, nous aurons alors une assez bonne idée de la situation pour présenter des analyses de rentabilité incitant les gouvernements, le secteur privé ou encore les éleveurs individuels à réaliser des investissements », déclare Jonathan Rushton, qui est également professeur en économie de la santé animale et des systèmes alimentaires à l’université de Liverpool. « Il s’agit d’investir au bon endroit pour obtenir les meilleurs résultats en matière de gestion des risques. »
Le programme GBADs est mené par l’OMSA conjointement avec l’université de Liverpool et mis en œuvre par des organisations et universités travaillant au carrefour des politiques publiques, du secteur privé et du monde universitaire.
Cette année, le programme est entré dans une nouvelle phase. Nous avons mis en place un cadre destiné à mesurer le poids des maladies animales et leurs répercussions sur les vies humaines et les économies, et avons commencé une étude de cas en Éthiopie. Une deuxième étude de cas, en Indonésie, a également été lancée en plus d’un prototype de moteur de connaissances pour tester les outils qui nous fourniront des données pertinentes dans l’avenir. En nous appuyant sur ces réalisations, nous avons pour objectif de publier les premières estimations relatives au poids des maladies animales à l’échelle mondiale et nationale en 2022.
En mai 2021, nous avons également inauguré notre premier Centre collaborateur pour l’économie de la santé animale, réunissant l’université de Liverpool, l’université d’Utrecht et l’Institut vétérinaire norvégien. Cette collaboration facilitera la collecte des données en utilisant une approche standardisée et analytique. Elle favorisera en outre le renforcement des capacités dans le domaine de l’économie de la santé animale et la création de centres d’excellence similaires dans d’autres régions du monde.
La santé animale pour améliorer le développement et le bien-être humain
Le bétail et les animaux aquatiques constituent une source de revenus, d’aliments nutritifs, de vêtements, d’engrais, de matériaux de construction et de force de traction pour environ 1,3 milliard de personnes dans le monde. La mauvaise santé des animaux est également en corrélation avec la pauvreté et la malnutrition. De plus, dans les économies rurales fondées sur l’agriculture, elle se répercute directement sur les femmes, qui représentent les deux tiers des éleveurs à faible revenu. En établissant un lien entre les données de santé animale existantes et les conséquences socioéconomiques, le programme GBADs permettra d’identifier la manière dont la santé animale influe sur le revenu des ménages modestes, l’émancipation des femmes et l’accès équitable à un régime alimentaire sûr, abordable et nutritif.
L’approche consistant à fusionner les secteurs socioéconomiques et de la santé animale est en bonne voie pour guider nos actions à long terme. En définitive, les données recueillies par le programme GBADs contribueront à renforcer l’efficacité des systèmes de production animale. Cela permettra en outre à toutes les parties prenantes d’identifier les problèmes de santé animale les plus dévastateurs pour pouvoir y remédier afin de prévenir les répercussions en chaîne sur les moyens de subsistance et le bien-être des humains et des animaux.
Vous trouverez ici de plus amples informations sur le programme GBADs.
Financement du programme GBADs : gouvernement australien ; Fondation Bill & Melinda Gates ; organisation Brooke ; Union européenne – DG SANTE ; Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; Irlande ; ministère italien de la Santé ; Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni ; ministère de la Santé et des Affaires sociales du Royaume-Uni.
Un article du Rapport annuel 2021 : lire l’original