Article

Lutte contre la rage en Guinée : la première vaccination des chiens à l’échelle nationale est couronnée de succès

Guinea's fight against Rabies_first vaccination campaign_Three African veterinary professional vaccinating dogs
Avec l’aide de la Banque de vaccins de l’OMSA, la Guinée a franchi une étape importante sur la voie de l’élimination de la rage grâce à sa toute première campagne de vaccination des chiens à l’échelle nationale. Découvrez comment le pays s’est donné pour mission d’enrayer la propagation de la rage transmise par les chiens d’ici à 2030, grâce à des initiatives de coopération et de sensibilisation.

En 2023, la Guinée a lancé une campagne de vaccination massive des chiens pour lutter contre la propagation de la rage ; une première dans le pays. Entre août et décembre 2023, environ 90 000 chiens ont été vaccinés avec des vaccins achetés auprès de la Banque de vaccins de l’OMSA, portant la couverture vaccinale canine à un peu moins de 70 % dans la capitale, Conakry. Il s’agit là d’une grande réussite pour la Guinée, où les chiens restent le principal vecteur de transmission de la rage, à l’origine de 99 % des cas humains.

L’approche Une seule santé face aux zoonoses

Le succès de la campagne est dû en grande partie au docteur Mohamed Idriss Doumbouya, Directeur de la Direction nationale des Services vétérinaires (DNVS) de Guinée et Délégué de la Guinée auprès de l’OMSA. Accompagné de son équipe, il a collaboré avec les localités régionales et a fait appel à la communauté internationale pour assurer la réussite de la campagne.

« Nos homologues du secteur de la santé travaillent dans l’esprit d’Une seule santé », explique le docteur Doumbouya. « Nous avons veillé à ce que cette initiative soit véritablement plurisectorielle. » La collaboration aux niveaux régional et international a permis de concrétiser la vaccination des chiens. Au niveau local, les villes ont fait don de réfrigérateurs pour conserver les vaccins dans les localités qui n’y avaient pas accès.

Au niveau mondial, des partenariats avec l’USAID, le CDC, le forum United Against Rabies (UAR) et la Banque mondiale ont permis d’assurer la formation sur le terrain, les évaluations post-vaccinales et le financement des vaccins et du personnel qui les administre. 

Grâce à ses efforts, les Services vétérinaires de Guinée ont pu se procurer des vaccins de haute qualité par l’intermédiaire de la Banque de vaccins de l’OMSA, ce qui, selon le docteur Doumbouya, a largement contribué au succès de la campagne. « Nous pensions que pour obtenir des vaccins de grande qualité, il fallait qu’ils proviennent de l’OMSA », déclare-t-il. « De cette manière, nous ne courons pas le risque de vacciner les animaux avec des produits inférieurs aux normes en vigueur. » 

Les cas de rage en Guinée

Les cas récurrents de rage chez les humains et les animaux ont fait de cette maladie une priorité de santé publique dans le pays. Selon la revue Veterinary World, entre 2018 et 2020, environ 775 morsures d’animaux ont été enregistrées en moyenne chaque année ; 98 % de ces morsures provenaient de chiens et plus de 70 % de ces chiens étaient infectés par la rage.

Bien que concentrée dans les régions les plus peuplées de la Guinée, aucune partie du pays n’a été épargnée. À ce jour, les cas de décès dus à la rage restent préoccupants dans les localités qui n’ont pas été couvertes par la campagne de vaccination et même dans les régions où les chiens n’ont pas été vaccinés chaque année.

Quel avenir pour la lutte contre la rage en Guinée ? 

La sensibilisation à la gravité de la rage va de pair avec toute initiative de lutte contre cette maladie. Le docteur Doumbouya conseille aux autres pays qui envisagent de suivre les traces de la Guinée d’intégrer des campagnes pédagogiques communautaires dans leur dispositif. « Nous sommes en train de mettre en place une campagne de sensibilisation du public à la gravité de la rage », affirme-t-il, « ainsi qu’un programme de gestion des déchets, car un grand nombre de chiens en liberté se rassemblent autour des décharges à la recherche de nourriture, exposant ainsi les communautés voisines à des zoonoses potentielles. » 

Des mesures préparatoires sont déjà en place pour de futures campagnes de vaccination des chiens à grande échelle, puisque la Guinée a pour objectif d’acheter 150 000 vaccins supplémentaires par le biais de la Banque de vaccins de l’OMSA avant la fin de l’année 2024, et chaque année suivante jusqu’en 2030. Quel est l’objectif visé ? L’immunité de groupe pour l’ensemble de la population canine. Jusqu’à présent, la campagne a couvert onze localités et prévoit d’atteindre des communautés plus difficiles d’accès au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux vaccins. En outre, de petites campagnes locales de vaccination des chiens et des événements pédagogiques publics ont été prévus pour la Journée mondiale contre la rage, le 28 septembre. 

Au-delà des futures campagnes de vaccination des chiens et de la surveillance, il s’agit de faire prendre conscience de la gravité de la maladie. « La rage doit être considérée comme un problème de santé publique », insiste le docteur Doumbouya. « Je pense que les autorités sont vraiment prêtes à apporter leur soutien, car aujourd’hui, en 2024, des personnes continuent de mourir de la rage en Afrique. »

À la question de savoir s’il était possible d’arrêter la propagation de la rage transmise par les chiens d’ici à 2030, il n’a pas hésité à répondre par l’affirmative. « Je crois que c’est possible, à condition que tous les pays africains mettent en place des campagnes de vaccination comme celle-ci. En plaçant la rage au rang des priorités de santé publique, l’objectif peut être atteint. »