Article, 100e anniversaire

Mettre la santé des animaux aquatiques à l’ordre du jour mondial 

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La santé et le bien-être des poissons, mollusques, crustacés et amphibiens ont longtemps été négligés par les politiques vétérinaires, alors même que les produits d’animaux aquatiques sont une source majeure d’alimentation dans le monde. Consciente de l’importance de la santé des animaux aquatiques, l’OMSA développe depuis les années 1960 des outils spécifiques pour la préserver.

Le monde n’a jamais consommé autant de protéines animales aquatiques qu’aujourd’hui. La production des pêches et de l’aquaculture a atteint un record de 223,2 millions de tonnes en 20221, principalement en raison de la croissance de l’aquaculture, en particulier en Asie. On estime qu’environ 600 millions de personnes dépendent de la pêche et de l’aquaculture pour leur subsistance, y compris les travailleurs primaires, leurs familles et les économies entières qu’ils soutiennent. La production animale aquatique est l’un des principaux moyens de subsistance et un pilier de la sécurité alimentaire dans le monde. Elle devrait connaître une croissance de 14 % d’ici 2030. 

La « révolution des produits de la mer » : évaluer l’importance de la santé des animaux aquatiques 

L’aquaculture sera en grande partie responsable de cette augmentation. On estime que l’approvisionnement mondial en produits de la mer passera de 154 millions de tonnes en 2011 à 186 millions de tonnes en 2030 – une augmentation imputable à l’aquaculture. De plus, les systèmes de production alimentaire et leur évolution jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. En 2019, la Commission EAT Lancet a recommandé une transition vers des régimes alimentaires à base de plantes, avec une réduction de la consommation de bœuf, de volaille, de porc et d’œufs, mais une augmentation de la consommation de produits de la mer. Le secteur des animaux aquatiques a un rôle crucial à jouer pour ce défi mondial pressant. 

Pour que l’aquaculture réponde à cette demande sans augmenter son impact environnemental ni poser de risques pour la santé, des améliorations continues des systèmes de production sont nécessaires tout au long de la chaîne. L’élaboration de réglementations et de normes internationales, y compris celles concernant le bien-être des animaux aquatiques, peut orienter cette croissance sur une voie respectueuse de l’environnement. C’est ici que l’intervention de l’OMSA prend tout son sens.

214 million de tonnes

ont été produites par la pêche et l’aquaculture en 2020.

Environ

600 millions de personnes

dépendent de la pêche et de l’aquaculture pour leur subsistance. Une croissance de 14 % est attendue dans la production alimentaire aquatique d’ici 2030. 

Création de normes internationales pour la santé des animaux aquatiques 

Le Code aquatique de l’OMSA a été publié en 1995, fournissant un ensemble de normes spécifiques pour les animaux aquatiques, accompagné du Manuel des tests diagnostiques destiné aux laboratoires. Ces normes sont basées sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles et offrent des approches pratiques pour la gestion de la santé des animaux aquatiques.  

Pour souligner l’importance de la mise en œuvre de ces recommandations et rassembler les parties prenantes du secteur aquatique, la première Conférence mondiale de l’OMSA sur la santé des animaux aquatiques s’est tenue à Bergen, en Norvège, en 2006. Lors de la conférence suivante cinq ans plus tard, la Déclaration de Panama indiquait la nécessité d’une coopération mondiale, d’une amélioration de la notification des maladies et d’un renforcement des capacités pour faire appliquer les normes. Les efforts mondiaux ont culminé en 2019, lors de la 4e Conférence mondiale sur la santé des animaux aquatiques à Santiago, au Chili, où la directrice nationale de Sernapesca et actuelle présidente de la Commission des animaux aquatiques de l’OMSA, le Dr Alicia Gallardo Lagno, a témoigné de l’importance de la collaboration régionale : « Par le passé, une maladie a causé une perte de 73 % de la production de poissons du Chili. Notre autorité nationale a pris des mesures conformes aux normes de l’OMSA. Pour nous, il est important de partager notre expérience sur de telles situations avec d’autres pays, en particulier en Amérique ». C’est lors de cette conférence que la directrice générale de l’OMSA, Monique Éloit, s’est engagée à développer une stratégie de santé des animaux aquatiques. 

Avancer une stratégie mondiale pour la santé des animaux aquatiques 

La Stratégie pour la santé des animaux aquatiques a été lancée deux ans plus tard lors de la 88e Session générale. « C’est la base sur laquelle nous allons agir, en dialogue avec nos partenaires, pour poursuivre notre vision d’amélioration de la santé et du bien-être des animaux aquatiques dans le monde entier », a alors expliqué la Dre Monique Éloit. Elle a également évoqué son expérience passée en tant que chef des Services vétérinaires dans son pays, lorsqu’elle a réalisé qu’elle ne disposait pas des connaissances techniques ni du personnel formé pour faire face à une flambée de maladies des naissains d’huîtres. La Stratégie pour la santé des animaux aquatiques de l’OMSA a été conçue pour remédier à de telles situations, avec quatre objectifs : 

  • Développer et mettre à jour des normes scientifiquement solides pour gérer les risques, faciliter le commerce sûr et améliorer la santé et le bien-être des animaux aquatiques. 
  • Mettre en place des programmes de renforcement des capacités pour muscler les services de santé des animaux aquatiques. 
  • Établir des procédures, des lignes directrices et un soutien coordonné pour améliorer la réponse mondiale aux maladies émergentes. 
  • Assurer le leadership en matière de santé et de bien-être animal, développer des partenariats internationaux et engager des réseaux scientifiques et politiques. 

Comme pour tous les grands projets de l’OMSA, la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques a été développée en étroite collaboration avec les Membres et les Services de santé des animaux aquatiques. Elle garantit ainsi la disponibilité des outils nécessaires pour que les pays agissent, notamment en élaborant leurs propres directives nationales basées sur les Normes de l’OMSA. 

Améliorer les systèmes de surveillance avec la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques 

Un des objectifs mis en avant dans la Stratégie pour la santé des animaux aquatiques est d’encourager une plus grande implication des Membres en rendant les normes plus accessibles. Cette approche s’est déjà montrée efficace : les Normes de l’OMSA ont été révisées pour mieux soutenir l’établissement de systèmes de surveillance, qui aident à obtenir des informations sur la situation et l’occurrence des maladies des animaux aquatiques. Grâce à cette mise à jour, les pays comprennent mieux les normes et respectent les conditions qui leur permettent de déclarer eux-mêmes l’absence de maladies aquatiques.  

Les normes révisées permettent également une meilleure conformité au Code aquatique de l’OMSA, notamment en ce qui concerne la notification des maladies, la détection précoce et la réponse rapide – des éléments cruciaux pour atténuer la propagation des maladies à l’échelle mondiale. 


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