Genève, Nairobi, Paris, Rome, 24 août 2021 – Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens a appelé aujourd’hui tous les pays à réduire considérablement les niveaux de médicaments antimicrobiens utilisés dans les systèmes alimentaires mondiaux. Il s’agit notamment d’arrêter d’utiliser des médicaments antimicrobiens importants sur le plan médical pour favoriser la croissance chez les animaux en bonne santé et d’utiliser de manière générale les médicaments antimicrobiens de façon plus responsable.
Cet appel est lancé à l’approche du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui se tiendra à New York le 23 septembre 2021 et sera l’occasion pour les pays de discuter des moyens de transformer les systèmes alimentaires mondiaux.
Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens est composé de chefs d’État, de ministres et de dirigeants du secteur privé et de la société civile. Le groupe a été créé en novembre 2020 pour accélérer l’élan politique mondial, le leadership et l’action contre la résistance aux antimicrobiens et est coprésidé par leurs Excellences Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade, et Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh.
La réduction de l’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires est essentielle pour préserver leur efficacité
La déclaration du Groupe de direction mondial appelle à des mesures audacieuses de la part de tous les pays et des dirigeants de tous les secteurs pour lutter contre la résistance aux médicaments.
Un appel d’une priorité absolue est lancé pour que les médicaments antimicrobiens soient utilisés de façon plus responsable dans les systèmes alimentaires et que l’utilisation de médicaments qui sont de la plus grande importance pour le traitement des maladies chez les humains, les animaux et les végétaux soit considérablement réduite.
Les autres principaux appels lancés à tous les pays sont les suivants :
- Mettre fin à l’utilisation de médicaments antimicrobiens qui sont d’une importance cruciale pour la médecine humaine afin de favoriser la croissance chez les animaux.
- Limiter la quantité de médicaments antimicrobiens administrés pour prévenir les infections chez les animaux et pour les végétaux sains et veiller à ce que tout usage soit conforme à la réglementation.
- Éliminer ou réduire considérablement les ventes sans prescription médicale de médicaments antimicrobiens qui sont importants pour un usage médical ou vétérinaire.
- Réduire de manière générale le besoin de médicaments antimicrobiens en améliorant la prévention et la maîtrise des infections, l’hygiène, la biosécurité et les programmes de vaccination dans l’agriculture et l’aquaculture.
- Assurer l’accès à des antimicrobiens abordables et de qualité pour la santé animale et humaine et promouvoir l’innovation par des solutions de remplacement durables, fondées sur des données probantes, aux antimicrobiens dans les systèmes alimentaires.
L’inaction aura des conséquences désastreuses pour la santé humaine, animale, végétale et environnementale
Les médicaments antimicrobiens (y compris les antibiotiques, les antifongiques et les antiparasitaires) sont utilisés dans la production alimentaire partout dans le monde. Les médicaments antimicrobiens sont administrés aux animaux non seulement à des fins vétérinaires (pour traiter et prévenir les maladies), mais aussi pour favoriser la croissance chez les animaux en bonne santé.
Les pesticides antimicrobiens sont également utilisés en agriculture pour traiter et prévenir les maladies des végétaux.
Bon nombre des antimicrobiens utilisés dans les systèmes alimentaires sont identiques ou similaires à ceux utilisés pour traiter les humains. L’utilisation actuelle chez les humains et les animaux et pour les végétaux entraîne une augmentation inquiétante de la résistance aux médicaments et rend les infections plus difficiles à traiter. Les changements climatiques peuvent également contribuer à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens.
Les maladies pharmacorésistantes causent déjà au moins 700 000 décès humains dans le monde chaque année.
Bien qu’il y ait eu des réductions substantielles de l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux dans le monde, elles ne sont pas suffisantes.
Sans mesures immédiates et drastiques pour réduire considérablement les niveaux d’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires, le monde se dirige rapidement vers un point de basculement où les antimicrobiens sur lesquels on compte pour traiter les infections chez les humains, les animaux et les végétaux ne seront plus efficaces. L’impact sur les systèmes de santé, les économies, la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires aux niveaux local et mondial sera dévastateur.
« Nous ne pouvons pas nous attaquer aux niveaux croissants de résistance aux antimicrobiens sans utiliser les médicaments antimicrobiens avec plus de parcimonie dans tous les secteurs », a déclaré la coprésidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, Son Excellence Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade. « Le monde est entré dans une course contre la résistance aux antimicrobiens, et c’est une course que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre. »
La réduction de l’utilisation des médicaments antimicrobiens dans les systèmes alimentaires doit être une priorité pour tous les pays
« L’utilisation plus responsable des médicaments antimicrobiens dans les systèmes alimentaires doit être une priorité absolue pour tous les pays », a déclaré la coprésidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, Son Excellence Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh. « Une action collective dans tous les secteurs concernés est cruciale pour protéger nos médicaments les plus précieux, dans l’intérêt de tous, partout dans le monde. »
Les consommateurs de tous les pays peuvent jouer un rôle clé en choisissant des produits alimentaires provenant de producteurs qui utilisent les médicaments antimicrobiens de manière responsable.
Les investisseurs peuvent aussi apporter leur contribution en investissant dans des systèmes alimentaires durables.
Des investissements sont également nécessaires de toute urgence pour mettre au point des solutions de remplacement efficaces à l’utilisation des antimicrobiens dans les systèmes alimentaires, telles que des vaccins et des médicaments de remplacement.
L’OIE, par le biais du Secrétariat conjoint tripartite (TJS) sur la résistance aux antimicrobiens avec la FAO et l’OMS, assure le secrétariat du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens