Communiqué de presse

Les superbactéries pourraient compromettre la sécurité alimentaire de plus de deux milliards de personnes et augmenter les coûts annuels des soins de santé de 159 milliards de dollars d’ici à 2050, selon la modélisation la plus complète réalisée à ce jour

Des données provenant de plus de 200 pays permettent de prévoir l’ensemble des conséquences de la résistance aux antimicrobiens (RAM) sur les personnes, le bétail et l’économie, et d’estimer à 28 dollars le rendement de chaque dollar investi dans l’innovation pharmaceutique et l’amélioration des soins de santé.

26 septembre, New York – Les agents pathogènes résistants aux médicaments pourraient compromettre l’approvisionnement alimentaire de plus de deux milliards de personnes et augmenter les coûts des soins de santé de 159 milliards de dollars US par an d’ici à 2050, selon la modélisation la plus complète des effets de la RAM réalisée à ce jour.

Cette analyse, réalisée par un partenariat mondial d’organisations de santé et de développement de premier plan, est la première à prévoir de manière exhaustive les conséquences économiques et sanitaires de la RAM sur les êtres humains et les animaux producteurs de denrées alimentaires. L’étude a également révélé un retour sur investissement de 28 dollars pour chaque dollar investi si des mesures étaient prises dès maintenant.

Selon les Nations unies, la RAM est l’une des dix principales menaces sanitaires mondiales auxquelles l’humanité est confrontée. Elle a entraîné l’apparition de « superbactéries », et notamment de bactéries que l’on ne peut plus traiter avec des antibiotiques.

La série EcoAMR (Health and Economic Impacts of AMR in Human and Food-Producing Animals [Répercussions sanitaires et économiques de la RAM chez les humains et les animaux producteurs de denrées alimentaires]), dirigée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), a utilisé les données les plus récentes de 204 pays et 621 sites infranationaux pour prévoir les effets de la RAM sur la mortalité, les coûts des soins de santé, la sécurité alimentaire et l’économie mondiale.

La modélisation, publiée à la veille d’une réunion de haut niveau sur la RAM à l’Assemblée générale des Nations unies, a révélé que, si aucune mesure n’est prise maintenant, la résistance aux médicaments pourrait entraîner des pertes annuelles du PIB mondial allant jusqu’à 1 700 milliards de dollars d’ici à 2050, tandis que la propagation d’agents pathogènes résistants du bétail aux humains pourrait coûter jusqu’à 5 200 milliards de dollars. Elle a également constaté que la RAM pourrait entraîner des pertes de production dans le secteur de l’élevage équivalant aux besoins de consommation de 746 millions de personnes, ou de plus de deux milliards de personnes dans un scénario plus sévère, d’ici à la même année.

L’analyse, publiée dans trois rapports, a été réalisée par des experts des organismes suivants : OMSA, Animal Industry Data (AID), Center for Global Development (CGD), Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) et RAND Europe, avec des contributions de la Banque mondiale.

La menace que représentent les infections résistantes aux médicaments pour la santé humaine est largement reconnue, mais les conséquences de la RAM sur la santé des animaux, notre environnement et notre économie ne peuvent être négligées. Outre le nombre considérable de décès chez les humains, les agents pathogènes résistants aux médicaments peuvent également avoir de graves répercussions sur la santé et le bien-être des animaux. Elle pèse lourdement sur l’économie et sur nos efforts en matière de développement durable. Pour la première fois, nous avons une idée précise de ce qui est en jeu si la communauté mondiale ne prend pas des mesures urgentes dès maintenant.

Dre Emmanuelle Soubeyran, Directrice générale de l’OMSA

Les auteurs de la série EcoAMR ont appelé à des investissements urgents pour soutenir les plans d’action nationaux de lutte contre la RAM, dont près de 90 % ne disposent d’aucun financement pour leur mise en œuvre. La recherche sur la santé humaine a également montré qu’un investissement plus important dans les nouveaux antibiotiques, l’amélioration des soins de santé, la couverture vaccinale universelle et l’assainissement et l’hygiène pourrait permettre d’éviter plus de 110 millions de décès humains entre 2025 et 2050.

Investir dans l’accès aux antibiotiques et dans l’innovation pour de nouveaux médicaments pourrait également réduire les coûts de santé humaine de 97 milliards de dollars par an, augmenter la main-d’œuvre de 23 millions de personnes, les taux du tourisme de 1,2 % et de l’hôtellerie de 0,6 %, ajouter 960 milliards de dollars au PIB annuel et générer 679 milliards de dollars supplémentaires par an en valorisation de santé, selon l’analyse de l’économie humaine.

« La RAM représente un fardeau économique important, mais en prenant des mesures prudentes dès maintenant, on obtiendra un retour sur investissement significatif grâce à une réduction des coûts des soins de santé, à des améliorations de l’économie et à une société plus saine dans son ensemble », a commenté Anthony McDonnell, chargé de politiques au Center for Global Development (CGD). « Il est dans l’intérêt des pays à revenu élevé de veiller à ce que les habitants des régions les plus pauvres du monde aient accès à des traitements de haute qualité. »

L’analyse de la santé animale a montré qu’une réduction mondiale de 30 % de l’utilisation d’antimicrobiens dans le bétail sur une période de cinq ans peut entraîner une augmentation cumulée du PIB mondial de 120 milliards de dollars entre 2025 et 2050.

« Ces données soulignent la nécessité d’accélérer la mise en place de solutions exhaustives pour lutter contre la RAM », a déclaré le docteur Christopher J.L. Murray, Directeur du Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). « Il convient d’adopter une approche “ Une seule santé ”, qui englobe les secteurs humain, végétal et animal, et de réunir les secteurs privé et public pour qu’ils collaborent aux niveaux national et mondial. Seuls une volonté et des investissements à l’échelle mondiale, guidés par des données probantes, peuvent endiguer cette menace croissante pour la santé. »

Les auteurs de la série EcoAMR estiment qu’environ 39 millions de personnes pourraient mourir à cause de la RAM d’ici à 2050, en particulier chez les personnes âgées et dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Cette étude est cohérente avec les résultats du projet Global Research on Antimicrobial Resistance (GRAM) récemment publiés. L’ensemble de ces résultats permet de dresser un tableau complet de la grave menace que représente la RAM à l’échelle mondiale.

Notes aux redacteurs/directeurs de publication :

Pour organiser des entretiens ou des réunions d’information, veuillez contacter : Service de communication, Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), [email protected]

À propos du consortium de partenaires internationaux EcoAMR :

Les organismes Center for Global Development (CGD) et Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), en partenariat avec Global Research on Antimicrobial Resistance (GRAM), se sont occupés des aspects liés à la santé humaine, tandis que RAND Europe et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), en partenariat avec Animal Industry Data (AID), ont couvert l’aspect « santé animale » de cette initiative intersectorielle.