La morve a été identifiée pour la première fois par Aristote au 3e siècle. En 1664, la maladie est reconnue comme hautement contagieuse. Son potentiel zoonotique ne sera notifié qu’au début du 19e siècle. Des programmes de contrôle de la morve sont mis en place depuis le 20e siècle. Bien que la morve ait été officiellement éradiquée des Etats-Unis chez les animaux domestiques en 1934, un cas humain isolé de morve est apparu en 2000, chez un chercheur de l’Institut de recherche médicale sur les maladies infectieuses de l’armée américaine (USAMRIID). Pendant la Première Guerre Mondiale, la morve a été utilisée comme arme biologique pour décimer les animaux en Europe, Russie et aux Etats-Unis. Son utilisation en tant qu’arme biologique est aujourd’hui interdite selon La Convention Internationale sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction.
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Qu’est-ce que la morve ?
La morve est une maladie infectieuse et mortelle causée par la bactérie Burkholderia mallei, qui touche principalement les chevaux, ânes ou mulets. La morve est transmissible à l’homme. Une sensibilité à la maladie a également été démontrée chez les camélidés, les félidés sauvages, l’ours, le loup et le chien. Les carnivores peuvent être contaminés en mangeant de la viande infectée. Les cochons d’Inde et les hamsters sont considérés comme hautement sensibles. L’infection est généralement fatale.
La période d’incubation varie de quelques jours à plusieurs mois en fonction de l’intensité de l’exposition.
La morve est connue depuis l’Antiquité ; Hippocrate l’avait diagnostiquée comme une maladie grave des équidés. Il s’agissait d’une maladie prédominante des cavaleries et d’une zoonose majeure des vétérinaires et des palefreniers. La prévalence de la maladie, à travers le monde, a été considérablement réduite par l’intervention des services vétérinaires et des programmes nationaux de contrôle.
La morve est inscrite sur la liste des maladies qui figure dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). La morve doit faire l’objet d’une notification obligatoire auprès de l’OMSA conformément au Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OMSA.
Transmission et propagation
La source la plus répandue d’infection est l’ingestion de nourriture ou d’eau contaminées. Les aérosols (produits par la toux et l’éternuement), et le matériel contaminé mis en contact avec l’animal tels que les accessoires de toilettage peuvent aussi être une source d’infection.
La bactérie peut également pénètrer dans l’organisme par contact avec des lésions ou des abrasions de la peau ou par les muqueuses. Dans ce cas, une infection locale avec ulcération peut se développer et se disséminer à d’autres parties du corps lors de l’évolution de la maladie.
De mauvaises conditions d’entretien et d’alimentation, ainsi que le transport des animaux peuvent être des facteurs prédisposants. L’insalubrité et la surpopulation dans les étables sont des facteurs de risque.
Risque pour la santé publique
La morve est une zoonose mortelle pour laquelle il n’existe aucun vaccin. C’est une maladie rare chez l’homme avec des cas observés chez les vétérinaires, les personnes en contact étroit avec les chevaux et le personnel de laboratoire. Outre les animaux présentant des signes cliniques de la maladie, les animaux infectés sans signes apparents de la maladie sont également un risque pour l’homme. L’homme est un hôte accidentel de la maladie et la transmission de la maladie d’homme à homme est rare.
Chez l’homme, la maladie peut prendre différentes formes, respectivement : nasale, localisée avec des nodules et des abcès, pulmonaire, septicémique avec infection disséminée ou chronique. Une guérison est possible chez l’homme si les cas sont traités rapidement par divers traitements antibiotiques. Le taux de mortalité en cas d’infection non traitée est très élevé.
La contamination peut se faire par contact direct avec des animaux infectés, leurs sécrétions, et par contact indirect avec des substances/matériels contaminés tels que les aliments, la terre et l’eau.
La transmission à l’homme peut être évitée en contrôlant la maladie chez l’animal, en évitant tout contact avec les animaux infectés et en prenant des mesures de précaution en matière d’hygiène. Toute manipulation de matériel potentiellement contaminé doit être effectuée en laboratoire en suivant les règles énoncées dans le Manuel des tests de diagnostic et des vaccins pour les animaux terrestres de l’OMSA.
Signes cliniques
Chez l’animal, la maladie entraine la formation de nodules et d’ulcérations dans les voies respiratoires et les poumons. Il existe également une forme cutanée de la maladie, connue sous le nom de « farcin », ainsi que des formes aigües et chroniques.
Les formes aigües sont surtout décrites chez l’âne et le mulet qui présentent une forte fièvre et une atteinte respiratoire. Les formes chroniques, évoluant sur plusieurs années, sont plus fréquentes chez les chevaux.
Il existe quatre formes de morve cliniquement reconnues :
- nasale
- pulmonaire
- cutanée
- porteur sain.
Ces différentes formes de morve sont identifiées selon la localisation de la première infection. Les formes nasales et pulmonaires sont par nature généralement aigües tandis que la forme cutanée relève d’un processus chronique.
Les nodules inflammatoires et les ulcères se développent sur les parois nasales et provoquent un jetage jaune et collant. Des cicatrices en étoile apparaissent après la guérison des ulcères. La formation d’abcès nodulaires dans les poumons s’accompagne d’une asthénie progressive, de toux ainsi que de diarrhée. Dans la forme cutanée – « farcin »- les vaisseaux lymphatiques sont tuméfiés et des abcès nodulaires se forment sur leur trajet, s’ulcèrent et laissent s’écouler un pus jaune. Des nodules sont régulièrement retrouvés dans le foie et la rate conduisant à un amaigrissement considérable et à la mort.
Diagnostic
Les seuls signes cliniques ne permettent pas un diagnostic définitif surtout aux premiers stades de la maladie.
Il est nécessaire de procéder à des tests de laboratoire pour confirmer le diagnostic. A cet effet, les recommandations pertinentes de l’OMSA figurent dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres et dans le Manuel des tests de diagnostics et des vaccins pour les animaux terrestres.
Prévention et contrôle
A ce jour, aucun traitement médicamenteux vétérinaire n’est capable de guérir l’infection. Le contrôle de la morve suppose une détection précoce et un test de diagnostic chez les cas cliniques suspects, le dépistage des équidés apparemment sains et l’élimination des cas confirmés.
Dans les pays indemnes de morve, des recommandations pour les importations sont formulées. La présentation d’un certificat vétérinaire international, attestant que les animaux ne présentent aucun signe clinique de morve et ont été entretenus dans un pays exportateur indemne durant les six mois précédant leur chargement, est requise.
Dans les pays à risque ou bien où la maladie est endémique, les mesures de contrôle se basent sur la détection précoce, l’élimination des cas positifs et la prévention d’une potentielle diffusion par le biais de mesures de biosécurité appropriées. La vaccination et le traitement des cas cliniques chez les animaux ne sont pas considérés comme des options de contrôle de la maladie.
Les mesures de contrôle recommandées sont :
- la surveillance de la morve chez les populations animales sensibles et la notification de tous les cas suspects
- l’identification et l’euthanasie décente des animaux infectés
- des mesures de mise en quarantaine ; – le nettoyage et la désinfection des élevages infectés
- la destruction par incinération des animaux abattus et de tous les matériels contaminés.
Dans les zones à risque ou bien où la maladie est endémique, une stratégie de surveillance et de contrôle de la morve est de rigueur et doit être appuyée par une législation appropriée. Une bonne coopération entre les propriétaires de chevaux et les vétérinaires est capitale pour la détection et le contrôle de la maladie.
Distribution géographique
La maladie a été éradiquée d’Amérique du Nord, d’Australie et d’Europe grâce à des mesures associant le dépistage réglementaire et l’élimination des animaux infectés ainsi que des mesures de contrôle à l’importation. Cependant, la morve continue d’être notifiée par plusieurs pays asiatiques, africains, du Moyen-Orient et sud-américains. En avril 2010, le Bahreïn a notifié pour la première fois l’apparition d’un foyer alors que la maladie est réapparue au Brésil en 2009.