Première maladie animale à avoir été éradiquée, la peste bovine a longtemps décimé les troupeaux et perturbé l’économie. Ce virus se propage très rapidement parmi les artiodactyles (principalement les bovins et les buffles), puisqu’elle peut être mortelle à 100 % au sein de certains troupeaux. L’ampleur des conséquences sociales et économiques de la peste bovine a conduit à la création de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) qui, par ses efforts et ceux de ses partenaires internationaux, a permis de poser les bases d’une éradication complète de la maladie, dont le dernier cas a été signalé en 2001.
LIENS VERS LE CODE ET LE MANUEL
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Code Terrestre
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Manual Terrestre
L’histoire de la peste bovine
Les rapports indiquent que la maladie a dû apparaître en Asie centrale avant de se propager au reste du continent et en Europe le long des routes du commerce et des itinéraires de migration. Cette maladie a également été signalée sur le continent américain et en Australie, quoiqu’ avec une prévalence moindre. La propagation rapide de la maladie a été à l’origine de grandes famines en Afrique et a entravé le développement agricole en Asie. Elle y a affecté durement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des foyers dépendant de l’élevage pour leur survie.
Des tentatives pour vacciner les animaux ont eu lieu dès 1744 en Angleterre et aux Pays-Bas, et un vaccin efficace a été obtenu au début du XXe siècle. Toutefois, il a fallu l’apparition du foyer de 1920 en Belgique pour que l’idée d’une action commune pour combattre la maladie trouve un nouvel élan.
Par sa portée et de son ampleur, la peste bovine est considérée comme la maladie du bétail, la plus meurtrière de l’histoire.
Le profil de la maladie : Qu’est-ce-que la peste bovine ?
La peste bovine est une maladie très contagieuse, connue depuis que l’homme a domestiqué le bétail. Cette maladie affecte principalement les bovins, les buffles, les yaks et de nombreux autres artiodactyles domestiqués et sauvages. Chez les bovins, espèce la plus sensible, les signes classiques de la maladie sont la fièvre, les érosions buccales, le jetage nasal et oculaire, les diarrhées profuses et la déshydratation qui précèdent souvent la mort de l’animal dans les 10 à 15 jours. Chez d’autres espèces, les manifestations cliniques sont plus légères. Par ordre de priorité, la dépression, le jetage, la diarrhée et la mort de l’animal constituent les quatre signes cliniques typiques de la maladie, associés le plus souvent à la fièvre (et/ou aux érosions buccales).
Un fondement de la création de l’Organisation mondiale de la santé animale
Les initiatives visant à mieux comprendre la peste bovine et à élaborer des mesures de prévention et de contrôle pour la combattre ont motivé les découvertes scientifiques du XVIIIe et XIXe siècles.
Les vastes répercussions économiques et sociales de la maladie ont conduit, en 1924, à la création de l’Office international des Épizooties (OIE) – qui deviendra plus tard l’Organisation mondiale de la santé animale – en vue de contrôler les maladies animales infectieuses au niveau international. Au même moment, plusieurs écoles vétérinaires ont été fondées en Europe et en Asie.
Avec un dernier cas identifié de peste bovine datant de 2001, la maladie a été éradiquée au niveau mondial. Elle devient ainsi la deuxième maladie infectieuse, après la variole chez les humains, sur laquelle une telle victoire a été remportée.
Campagnes de vaccination
Dans les années 1960, des campagnes massives de vaccination dans les pays affectés par la maladie, accompagnées par des mesures de contrôle des déplacements et d’abattage des animaux, ont conduit à une régression importante du nombre de cas. Cependant, dans les années 1980, une résurgence de la maladie ravage le continent africain, en raison de l’interruption des programmes de vaccination.
L’OMSA s’illustre au niveau international en prenant la tête du combat contre la réapparition de la peste bovine, notamment par la publication de normes internationales jetant les bases de systèmes de surveillance épidémiologiques.
De plus, l’OMSA crée un programme de reconnaissance de statuts sanitaires officiels, destinés aux Pays Membres éligibles afin qu’ils soient reconnus comme indemnes de la peste bovine.
Chronologie
Le Programme mondial d’éradication de la peste bovine (GREP)
Dans les années 1990, les Nations Unies (ONU) s’engagent activement dans les efforts d’éradication de la peste bovine, par le biais du GREP, coordonné par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en collaboration avec l’OMSA et l’Agence internationale de l’énergie atomique des Nations Unies (AIEA). L’objectif est d’obtenir, au plus tard en 2011 une déclaration officielle de l’éradication mondiale de la maladie.
Depuis lors, l’OMSA s’est associée à la FAO afin de s’assurer du maintien d’un statut indemne à l’échelle de la planète et de la destruction ou du stockage au sein d’installations sûres de tout matériel contenant le virus de la peste bovine.
La stratégie de post-éradication de la peste bovine comprend la vérification des échantillons infectieux, leur séquestration et l’élaboration d’un plan de contingence applicable en cas d’apparition imprévue de foyers.
La déclaration de l’éradication mondiale de la peste bovine
En 2011, le monde a été déclaré indemne de peste bovine lors de la 79e Session générale de l’OMSA. Cet événement, qui a eu lieu à Paris, a servi de plateforme à la présentation de l’histoire de la maladie et des objectifs atteints à mesure de l’avancée du processus vers la reconnaissance officielle du statut indemne de peste bovine.
Autrefois fardeau pour les sociétés en Afrique, en Asie et en Europe, la peste bovine est seulement la deuxième maladie infectieuse, après la variole chez les humains, à avoir été éliminée de la surface de la terre, grâce à des décennies d’efforts concertés au niveau mondial.
En savoir plus
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Publication, Co-Publication
La peste bovine et son éradication (en anglais)
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Le maintien d’un statut indemne de peste bovine à l’échelle mondiale
L’éradication de sonne pas la fin de l’histoire de la peste bovine. Bien qu’elle ne circule plus parmi les animaux, des stocks de virus, des vaccins et des produits contenant le virus de la peste bovine sont toujours stockés dans plus de 15 laboratoires de par le monde, principalement pour la production de vaccins, au cas où la maladie réapparaîtrait à la suite d’un accident ou d’un acte de bioterrorisme.
Tant que ces produits dangereux contenant le virus de la peste bovine ne sont pas détruits en toute sécurité ou transférées vers un nombre minimal de structures à niveau de confinement élevé ayant reçu l’approbation de l’OMSA et de la FAO, le monde court le risque de voir la maladie ressurgir.
Afin que la vigilance reste de mise au sein des Pays Membres concernant cette maladie infectieuse mortelle, l’OMSA a élaboré une campagne de sensibilisation axée sur son retour potentiel.
Peste bovine : plus jamais !
Le but de cette campagne Peste bovine : plus jamais ! est de s’assurer que tous les acteurs impliqués soient pleinement conscients des défis liés à une réapparition de cette maladie, ainsi que du rôle vital qu’ils peuvent jouer pour préserver l’héritage issu de son éradication.
Les principaux objectifs de cette campagne sont:
- s’assurer que la peste bovine figure en bonne place dans les programmes d’enseignement vétérinaire ;
- entretenir un savoir professionnel vétérinaire de la peste bovine et permettre une surveillance efficace de la maladie afin de détecter et notifier les cas, et d’organiser une réponse dans les meilleurs délais en cas de résurgence ;
- guider les laboratoires dans toutes les étapes aboutissant à la destruction des stocks de produits contenant le virus de la peste bovine
Raisons de ne PAS conserver le virus de la peste bovine en laboratoire
Une seule dissémination du virus pourrait:
Tuer des millions de bovins et mettre en danger une faune
précieuse
Ebranler la biosécurité
vétérinaire internationale
Menacer le bien-être des animaux
Réduire la sécurité alimentaire
Diminuer les moyens de subsistance des ruraux
Coûter des millions de dollars pour l’éradiquer
Retarder
les autres objectifs de développement
Réduire à néant une victoire historique
L’engagement mondial des Membres de l’OMSA
Tous les Membres de l’OMSA ont signé une Résolution lors de la Session générale de l’OMSA en mai 2011, les engageant à :
- détruire les matériels contenant le virus de la peste bovine ou en assurer le stockage en toute sécurité auprès d’un nombre minimal de laboratoires à niveau de confinement élevé ayant reçu l’agrément de l’OMSA ;
- rester vigilant face au risque de réapparition de la maladie, et
- cesser toute activité de recherche n’ayant pas été approuvée.
En parallèle, une résolution du même ordre a été adoptée par la FAO en juin 2011. L’OMSA et la FAO œuvrent ensemble afin de garantir que ces actions puissent être appliquées en urgence et totalement pour éviter la récurrence de cette terrible maladie.
L’OMSA, en collaboration avec la FAO, s’engage maintenant à définir une gestion fiable et transparente de ce processus avec ses Pays membres
Désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine
En mai 2019, lors de la Session générale, l’Assemblée mondiale des Délégués a adopté des résolutions pour reconduire la désignation des institutions suivantes en tant qu’établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine (sous réserve de réévaluations conduites tous les trois ans).
Établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine, à l’exclusion des stocks de vaccin:
- Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Montpellier, France
- Institut chinois pour le contrôle des médicaments vétérinaires/Centre de collecte de cultures vétérinaires de Chine (IVDC), Pékin, Chine.
- Site à haut confinement de la station de recherche sur les maladies exotiques, Institut national de la santé animale, Kodaira, Tokyo, Japon
- Laboratoire de diagnostic des maladies animales exotiques FADDL de l’USDA-APHIS, Plum Island, New York, États-Unis d’Amérique.
- Pirbright Institute, Royaume-Uni
Établissements habilités à détenir uniquement des vaccins préparés contre la peste bovine, des stocks de vaccins et du produit destiné à la production de ces vaccins, à l’exclusion de tout autre usage:
- Centre panafricain des vaccins vétérinaires de l’Union africaine (UA-PANVAC), Debre-Zeit, Éthiopie
- Bâtiment pour la recherche sur l’évaluation de la sûreté, Centre de production de produits biologiques, Bâtiment pour la recherche et le développement de produits biologiques (stockage), Institut national de la santé animale, Tsukuba, Ibaraki, Japon
- Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Montpellier, France
- Institut chinois pour le contrôle des médicaments vétérinaires/Centre de collecte de cultures vétérinaires de Chine (IVDC), Pékin, Chine.
Résolutions de l’OMSA
adoptées lors des Sessions générales de l’OMSA (SG)
- Déclaration de l’éradication mondiale de la peste bovine et mise en œuvre de mesures de suivi (Résolution No 18/79 SG, 2011)
- Dérogation autorisant le transfert réglementé de stocks de semences atténuées d’un établissement BSL3 vers un établissement approuvé par la FAO-OMSA (Amendement à la Résolution No 18)
- Reconnaissance du statut sanitaire en matière de peste bovine des Membres et non-membres (Résolution No 15/79 SG, 2011)
- Le rôle de l’OMSA afin de préserver le monde indemne de la peste bovine (Résolution No 33/80 SG, 2012)
- Procédure de désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine (Résolution No 23/82 SG, 2014)
- Désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine (Résolution No 25/83 SG, 2015, page 52)
- Amendements à l’annexe « Lignes directrices pour la séquestration du virus de la peste bovine » de la Résolution No18, 2011 (Résolution No 21/85 SG, 2017)
- Désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine (Résolution No 20/86 SG, 2018)
- Désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine, afin de maintenir le statut indemne de peste bovine au niveau mondial (Résolution No 23/87 SG, 2019)
- Prolongation de la désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine, afin de maintenir le statut indemne de peste bovine au niveau mondial (Résolution No 24/87 SG, 2019)
- Prolongation de la désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine, afin de maintenir le statut indemne de peste bovine au niveau mondial (Résolution No 27/89 SG, 2022)
- Prolongation de la désignation des établissements habilités à détenir des produits contenant le virus de la peste bovine, afin de maintenir le statut indemne de peste bovine au niveau mondial (Résolution No 27/90 SG, 2023)
Le statut indemne au regard de la peste bovine
- La FAO et l’OMSA ont respectivement déclaré l’éradication mondiale de la peste bovine en mai et juin 2011, soit dix ans après l’identification du dernier cas au Kenya.
- La liste des Membres de l’OMSA, ainsi que des non-membres indemnes de peste bovine est consultable dans la Résolution No 15 la (79e Session générale de l’Assemblée mondiale de l’OMSA, mai 2011).
Conformément à la décision prise par l’Assemblée mondiale des Délégués lors de la 79e Session générale, les Pays Membres sont désormais exemptés de confirmation annuelle de leur statut indemne au regard de la peste bovine.
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Le Plan d’action mondial contre la peste bovine
Le Plan d’action mondial contre la peste bovine (GRAP) de l’OMSA et de la FAO définit les rôles et les responsabilités de toutes les parties prenantes concernées au cours des cinq phases du cycle de gestion des situations d’urgence (Préparation, Prévention, Détection, Réponse, Rétablissement), dans l’optique d’une réapparition potentielle de la maladie.
Le GRAP se fonde largement sur le chapitre sur l’infection par le virus de la peste bovine du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OMSA et sur certaines parties de la publication Méthode de bonne gestion des urgences : les fondamentaux de la FAO. Il complète tous les plans régionaux et nationaux de contingence. Ce document aide les Services vétérinaires à identifier les lacunes et à établir des priorités afin de mieux anticiper les conséquences de l’apparition d’un foyer de peste bovine en cette ère de post-éradication, d’y répondre et de les atténuer. Il comprend aussi des dispositions concernant la gestion et le déploiement des réserves de vaccin contre la peste bovine, conservées au sein des établissements habilités par la FAO et l’OMSA.
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Plan stratégique
Global Rinderpest Action Plan, 2nd Edition
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Le Comité consultatif mixte
En cette ère post-éradication, l’OMSA s’appuie principalement sur le Comité consultatif mixte FAO/OMSA pour la peste bovine (JAC) et les Laboratoires de référence de l’OMSA qui fournissent un soutien technique.
L’OMSA et la FAO ont constitué un Comité consultatif mixte, composé des sept meilleurs experts de la peste bovine. Ce comité délivre des recommandations aux Directions générales des deux organisations au regard de, entre autres, l’approbation des propositions de recherche et l’habilitation des structures à niveau de confinement élevé responsables de la conservation du virus.
Rapports des réunions du Comité consultatif mixte (JAC)
- Avril 2015
- Novembre 2014
- Février 2014 (en français)
- Septembre 2013 (en français)
- Février 2013
- Octobre 2012
- Juin 2012 (en français)
Vidéos
Publications
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Publication
Plan d’action mondial de la peste bovine
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Plan stratégique
Global Rinderpest Action Plan, 2nd Edition
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Publication
Éradication de la peste bovine (en englais)
.pdf – 3 Mo See the document -
Publication
WOAH Bulletin 2011-4
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