Communiqué de presse

Un nouveau rapport pointe la tendance à la baisse de l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux

Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé animale met en évidence des tendances prometteuses dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens et la préservation de l’efficacité de ces médicaments essentiels.

Paris, France – Une diminution globale de 27 %1 de l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux dans le monde a été observée entre 2016 et 2018, selon les données transmises à l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu’OIE).

Des progrès similaires ont été constatés concernant l’utilisation des antibiotiques en vue de stimuler la croissance. Moyen courant d’améliorer la productivité des animaux élevés pour la consommation humaine pendant longtemps, le recours aux antibiotiques chez les animaux en bonne santé afin de stimuler la croissance est une pratique qui a été abandonnée dans près de 70 % des pays déclarants2.

Dans un environnement plus mondialisé et interconnecté que jamais, il s’agit d’une avancée positive, qui montre qu’un nombre croissant d’éleveurs, de propriétaires d’animaux et de professionnels de la santé animale du monde entier adaptent leurs pratiques en vue d’une utilisation plus prudente des agents antimicrobiens. Ces efforts contribuent à protéger la santé de tous. Il faut cependant faire encore bien davantage pour préserver nos options thérapeutiques et enrayer la propagation des maladies infectieuses.

Dre Monique Eloit, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale

Les médicaments antimicrobiens tels que les antibiotiques font partie des réalisations les plus spectaculaires de l’humanité. Ils ont ouvert la voie à de meilleures conditions de vie pour les humains et les animaux. Pourtant, nombre de ces médicaments vitaux perdent de leur efficacité contre de multiples microbes. Ce phénomène est appelé « antibiorésistance ». 

L’antibiorésistance est en partie un processus naturel, mais peut s’accélérer considérablement en raison de l’abus ou du mauvais usage des antimicrobiens, ce qui peut exercer une pression sélective permettant aux agents pathogènes qui présentent des traits de résistance de survivre et de se développer. Ces « superbactéries » peuvent ensuite se déplacer via les cours d’eau, les sols et l’air, infectant tous les êtres vivants qui se trouvent sur leur chemin, quelle que soit leur espèce. 

L’antibiorésistance constitue une menace silencieuse pour les humains, les animaux, les végétaux et l’environnement. Elle nous concerne tous. 

Depuis des décennies, les experts nous mettent en garde contre l’antibiorésistance, qui représente une menace pour les générations futures. Il est maintenant temps d’accélérer davantage les actions de lutte contre ce phénomène, qui est déjà devenu une cause majeure de mortalité humaine. Rien qu’en 2019, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont entraîné le décès de quelque 1,27 million de personnes, selon une étude3 de référence publiée dans The Lancet. Cependant, la part de ces décès liée à l’antibiorésistance chez les animaux n’est pas encore claire. Le phénomène peut trouver son origine dans les populations animales, humaines ou végétales, mais il représente ensuite une menace pour toutes les autres espèces. Pour l’enrayer efficacement, tous les secteurs doivent unir leurs forces et encourager l’utilisation prudente des agents antimicrobiens.

L’enregistrement et l’analyse des données relatives à l’usage des antimicrobiens sont des éléments essentiels pour comprendre pleinement ce danger croissant aux multiples facettes. Dans le but de suivre les tendances dans le secteur de la santé animale, l’OMSA a lancé un processus annuel de collecte de données en 2015. Cette initiative a suscité un engagement constant et accru de la part des Membres de l’Organisation, qui ont amélioré leur capacité à recueillir et à fournir des informations plus détaillées au fil du temps. Malgré les bouleversements entraînés par le COVID-19, près de 160 pays ont participé au dernier cycle de collecte de données et certains d’entre eux ont également publié leurs informations sur les plateformes nationales. À ce jour, il s’agit de l’ensemble de données le plus exhaustif disponible concernant l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux. 

L’un des aspects fondamentaux de notre approche mondiale de la collecte de données et de l’évaluation de l’usage des agents antimicrobiens chez les animaux consiste à faire progresser l’initiative « Une santé » conjointement avec nos partenaires. Pour relever les défis interdépendants et multidimensionnels posés par l’antibiorésistance, une collaboration continue est nécessaire, entre les secteurs, les gouvernements, les disciplines universitaires, la société civile, le secteur privé et par le biais du système multilatéral. 

« À mesure que la proportion d’agents pathogènes résistants aux antimicrobiens augmente, la communauté scientifique doit redoubler d’efforts afin d’accélérer le développement de nouveaux antibiotiques et médicaments pour lutter contre les superbactéries », déclare le Docteur Javier Yugueros-Marcos, Chef du Service Antibiorésistance et produits vétérinaires de l’Organisation mondiale de la santé animale. « Il faut surtout recourir davantage à d’autres solutions, telles que les vaccins, et promouvoir les résultats rapides permis, par exemple, par le fait de se laver les mains avec de l’eau savonneuse ou de changer de vêtements et de bottes avant de traiter ou de s’occuper des animaux. »

Donner accès à des informations fiables et solides est une priorité stratégique, car cela aide les décideurs à identifier précisément où il est le plus urgent d’agir au niveau local, ce qui facilite également la réponse mondiale à l’antibiorésistance.

« Nous sommes sur la bonne voie dans le secteur animal. Nous devons maintenant profiter de cet élan et poursuivre l’utilisation prudente des agents antimicrobiens si nous voulons préserver leur efficacité pour les générations futures », fait remarquer la Docteure Eloit.

L’Organisation mondiale de la santé animale tient à souligner les efforts soutenus ainsi que les contributions des Membres et non-membres à cette initiative au fil des années.


1Sur la base des données communiquées à l’Organisation mondiale de la santé animale par 72 pays pour la période allant de 2016 à 2018. 

2108 sur 157, soit 69%. 

3 Murray et al. 2022. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)02724-0