Dans le monde interconnecté qui est le nôtre, il est capital de disposer de données pertinentes et d’affiner leur regroupement au sein d’ensembles de données, afin que les prises de décision sur les politiques à mener, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale, reposent sur des éléments factuels. Le programme GBADs (« L’impact mondial des maladies animales ») est l’une des pièces maîtresses de la transformation numérique de grande envergure mise en chantier par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Sa fonction sera complémentaire de celle d’autres modules de données et programmes de travail de l’OIE, notamment la Plateforme de formation, l’Observatoire et le Processus PVS.
Le Processus PVS est un programme phare de l’OIE destiné à évaluer les capacités des Services vétérinaires à mener à bien leurs missions. Il est structuré en étapes : une fois évalués les atouts et les points faibles des Services vétérinaires d’un pays, les étapes suivantes ont pour but d’évaluer les ressources requises afin de remédier aux lacunes identifiées. Cela passe par une étape cruciale de hiérarchisation des priorités, qui repose sur la capacité à comprendre l’impact que peut avoir une maladie sur l’économie du pays concerné, mais aussi sur les conditions de vie des animaux et des humains et sur l’environnement.
Pour cela, les compétences les plus poussées en sciences vétérinaires ne suffisent pas ; il importe aussi de savoir manier des données socio-économiques si l’on souhaite atteindre efficacement plusieurs des Objectifs de développement durable des Nations Unies.
Il est évident pour chacun d’entre nous que la santé animale et la santé publique sont liées l’une à l’autre et qu’elles sont toutes deux cruciales pour un monde sain et durable. C’est pourquoi les liens que crée le GBADs avec les études sur le poids des maladies humaines conduites par l’Organisation mondiale de la santé et son programme GBD (« Charge mondiale de morbidité »), présentent un grand intérêt, surtout si l’on considère l’importance nutritionnelle des denrées d’origine animale pour l’alimentation humaine ainsi que le nombre extrêmement élevé de maladies animales transmissibles à l’homme.
En mettant en place des structures institutionnelles à l’appui du programme GBADs, l’OIE joue un rôle important. Tout d’abord, la Résolution n° 35 adoptée en 2016 a donné mandat à l’OIE de « développer et éprouver une méthodologie afin de déterminer la charge mondiale des maladies animales et de s’attaquer ainsi aux lacunes identifiées dans les informations économiques sur l’impact national et mondial des maladies animales ».
Puis, en 2018, la signature d’une déclaration d’intention formelle entre l’Université de Liverpool et l’OIE a donné le coup d’envoi à un partenariat au travers duquel le projet a été rendu opérationnel et a pu se développer grâce au généreux concours de la Fondation Bill & Melinda Gates, du Royaume-Uni (Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement), de l’Union Européenne, du Brooke, du Centre australien pour la recherche agricole internationale (ACIAR), et de l’University College de Dublin. Par la suite, huit autres partenaires universitaires et institutionnels activement engagés dans le programme GBADs ont officialisé leur participation. L’expertise obtenue dans le cadre du programme sera diffusée grâce à la création de Centres collaborateurs de l’OIE pour l’économie de la santé animale, d’un module d’acquisition de compétences spécialisées dans le cadre des formations proposées par l’OIE, et d’un nouveau chapitre dans les Codes de l’OIE (Code sanitaire pour les animaux terrestres et Code sanitaire pour les animaux aquatiques).
Je souhaiterais, pour finir, exprimer toute ma gratitude aux auteurs qui ont contribué à cette importante entreprise éditoriale, qui parcourt tous les aspects de la vision, des méthodes et de l’impact de cet ambitieux programme qu’est le GBADs. Pour être tout à fait sincère, j’ajoute que nous sommes nombreux à avoir longtemps espéré qu’un tel programme voie le jour, car nous mesurions les avantages que nous apporterait l’expertise ainsi réunie. Il est donc dans notre intérêt à tous de faire en sorte que le GBADs rencontre tout le succès qu’il mérite.
Monique Éloit
Directrice générale
Organisation mondiale de la santé animale (OIE)
Un article du Bulletin de l’OIE : lire l’original